vendredi 15 décembre 2006
jeudi 14 décembre 2006
en avant-première
Robert FALLUT, acteur de la Résistance, victime de la déportation, et rescapé de la barbarie nazie, travaille depuis toujours à la préservation de la mémoire de la Résistance et à l'enseignement de son histoire dans l'Allier. Après la publication de plusieurs livres, et en avant-première de la publication d'un nouvelouvrage, il livre ici le fruit d'un travail patient de recherches et de témoignages qui établit les bases d'une meilleure connaissance de la naissance et du développement de la Résistance armée dans l'Allier.
mercredi 13 décembre 2006
Les déportés de l’Allier en Afrique du nord
AUMOINE Charles, de Domérat, 19/02/1892
AUBOUARD Arthur, de Saint-Hilaire, 07/11/1898
BELLIDON Charles, de Saint-Hilaire, 19/03/1890
BEGUIN Henri, de Saint Yorre, 05/05/1874
COUILLEBEAU Louis, de Le Brethon, 16/04/1897
GUILLAUMIN Jacques, de Vichy, 03/01/1890
SERVANT André, de Montluçon, 02/02/1905
VARIERAS Roger, de Montluçon, 19/10/1908
VALIGNAT Pierre, de Montluçon, 25/07 1905
VIRLOGEUX Alexis, de Buxières-les-Mines, 05/08/1879
VIRLOGEUX Fernand, de Buxières-les-Mines, 23/07/1905
AUBOUARD Arthur, de Saint-Hilaire, 07/11/1898
BELLIDON Charles, de Saint-Hilaire, 19/03/1890
BEGUIN Henri, de Saint Yorre, 05/05/1874
COUILLEBEAU Louis, de Le Brethon, 16/04/1897
GUILLAUMIN Jacques, de Vichy, 03/01/1890
SERVANT André, de Montluçon, 02/02/1905
VARIERAS Roger, de Montluçon, 19/10/1908
VALIGNAT Pierre, de Montluçon, 25/07 1905
VIRLOGEUX Alexis, de Buxières-les-Mines, 05/08/1879
VIRLOGEUX Fernand, de Buxières-les-Mines, 23/07/1905
Déportation a Djénien Bou Rezg
Pour Roger VARIERAS et Pierre VALIGNAT, les conditions de déportation furent beaucoup plus dures. Ils furent séparés de leurs camarades et envoyés, avec une trentaine d’autres, au camp de Djénien Bou Rezg.
« Ce qu’un arrêté préfectoral indiquait comme « centre de séjour surveillé » était, en réalité, une grande forteresse située dans un lieu absolument désertique entre Aïn-Séfra et Colomb-Béchar, à 800 kilomètres d’Oran. Elle relève uniquement de l’autorité militaire.
L’hygiène y est à peu près nulle (très peu d’eau pour la boisson et la toilette).
- Pas de lit, les détenus couchent à même le ciment, sur des nattes infestées de punaises.
- La nourriture était mauvaise, soupe où nageait de rares légumes et un peu de viande de mouton de dernière qualité. L’amaigrissement était général, de 15 à 20 kilos par détenus, en moyenne.
- Manque de soins, plusieurs détenus sont morts ayant été transporté trop tard à l’hôpital.
Au camp de Djenien, le travail était obligatoire, il avait tous les caractères de travaux forcés appliqués aux militaires condamnés « aux travaux publics »:
Les principaux chantiers étaient :
-dégagement du lit de l’oued obstrué par de gros blocs de pierre (travail très dur),
- construction d’un bassin ou d’un point d’eau,
- entretien d’un jardin potager autour du point d’eau,
- corvée de bois : il s’agissait de rechercher et d’arracher les racines épineuses qui sont dans les sables. Les corvées effectuaient deux voyages par jour quelles que fussent les températures (40 à 50 degrés).
Au point de vue disciplinaire, un régime draconien sévissait où les punitions étaient distribuées abondamment pour les motifs les plus futiles ».[1]
Pour obtenir une amélioration des conditions de détention, les déportés durent recourir à une grève de la faim qui dura 12 jours.
[1] André MOINE : déportation en Afrique du nord, 1939-1944 (page 183)
« Ce qu’un arrêté préfectoral indiquait comme « centre de séjour surveillé » était, en réalité, une grande forteresse située dans un lieu absolument désertique entre Aïn-Séfra et Colomb-Béchar, à 800 kilomètres d’Oran. Elle relève uniquement de l’autorité militaire.
L’hygiène y est à peu près nulle (très peu d’eau pour la boisson et la toilette).
- Pas de lit, les détenus couchent à même le ciment, sur des nattes infestées de punaises.
- La nourriture était mauvaise, soupe où nageait de rares légumes et un peu de viande de mouton de dernière qualité. L’amaigrissement était général, de 15 à 20 kilos par détenus, en moyenne.
- Manque de soins, plusieurs détenus sont morts ayant été transporté trop tard à l’hôpital.
Au camp de Djenien, le travail était obligatoire, il avait tous les caractères de travaux forcés appliqués aux militaires condamnés « aux travaux publics »:
Les principaux chantiers étaient :
-dégagement du lit de l’oued obstrué par de gros blocs de pierre (travail très dur),
- construction d’un bassin ou d’un point d’eau,
- entretien d’un jardin potager autour du point d’eau,
- corvée de bois : il s’agissait de rechercher et d’arracher les racines épineuses qui sont dans les sables. Les corvées effectuaient deux voyages par jour quelles que fussent les températures (40 à 50 degrés).
Au point de vue disciplinaire, un régime draconien sévissait où les punitions étaient distribuées abondamment pour les motifs les plus futiles ».[1]
Pour obtenir une amélioration des conditions de détention, les déportés durent recourir à une grève de la faim qui dura 12 jours.
[1] André MOINE : déportation en Afrique du nord, 1939-1944 (page 183)
Témoignage de Fernand VIRLOGEUX
SA DEPORTATION EN ALGERIE
« Le 1er mars 1941, un gardien vient me dire de me préparer parce que je vais partir. Un convoi d’environ 250 internés est formé. Nous rejoignons le camp de Saint Germain les Belles où nous nous réunissons à un autre convoi d’internés. Les gendarmes nous font monter dans un autre train. Aucun d’entre eux ne veut nous dire où nous partons. Le train nous amène jusqu’à Port-Vendres. Un bateau de transport de moutons, le Djebel Nadar, nous y attend.
« Pour monter à bord, nous passons entre deux rangées de G.M.R. Il nous est toujours impossible de connaître notre destination.
« Nous comprenons, en débarquant le surlendemain à Alger, que notre voyage n’est pas terminé. On nous emmène directement par le train en gare de Blida qui n’est pas le terminus du voyage. Pour le poursuivre, nous sommes entassés dans des wagons à bestiaux (les trop fameux 8 chevaux, 40 hommes). Ce train, tiré par deux machines à cause du relief très accidenté, s’enfonce dans le sud algérien. Finalement, le 4 mars, nous débarquons en gare de Djelfa.
« Là, un fort nous attend. Nos geôliers se sont tellement dépêchés que rien n’est prêt. Les pièces sont vides. Il n’y a rien à manger et nous allons coucher à même le ciment. Comme bienvenue, le commandant nous dit qu’il aura notre peau.
« Peu après arrive un second convoi ; il n’y a plus de place pour les accueillir. Les nouveaux arrivants sont obligés de coucher sous des marabouts de fortune. Les plus valides d’entre nous sont envoyés au sud de la ville pour construire un camp entouré de barbelés. A cette époque de l’année, il ne fait pas bon car il pleut beaucoup. Nous logeons par groupe de six sous les marabouts et comme de bien entendu, nous n’avons pas grand chose à manger. On reçoit peu de courrier, il est contrôlé à Alger et à Djelfa.
« Un jour, nous recevons la visite d’un général et, pour cette visite, nous avons mis en place une délégation pour lui transmettre nos doléances. Quand il voit notre état et rencontre nos délégués, il annonce : « Nous allons vous tirer de là, et là où vous irez, vous serez mieux ! »
« Effectivement, le 19 avril, on nous fait partir pour le sud de l’Oranie. Le départ est donné le vendredi soir, nous voyageons pendant trois jours et ne mangeons que deux fois, le samedi rien, le dimanche midi, nous avons droit à un œuf, deux sardines et un petit morceau de pain. Le dimanche soir, nous retrouvons la gare de Blida. Notre train prend alors la ligne vers le Maroc. A Sidi-Bel-Abbès, où nous faisons un arrêt, nous recevons royalement une demi-assiette de lentilles avec un morceau de pain.
« Puis le train repart. Nous arrivons enfin à une petite gare : « tout le monde descend ! »
« Il est une heure de l’après midi, nous avons faim.
« Deux lieutenants nous attendent sur le quai, mais nous ne sommes pas encore arrivés, notre destination est le camp de Bossuet. Il se trouve à 17 kilomètres de la gare, en pleine montagne (1 500 mètres d’altitude). Nous y arrivons vers 19 heures. Un repas nous est servi, le même que celui des soldats.
« Dans les pièces où nous entrons, nous trouvons des châlits à quatre places. Ils s’avèrent bourrés de punaises, il est impossible de dormir. Dès qu’il fait bon, nous couchons dehors. Notre situation s’est légèrement améliorée.
« Sur les 500 que nous sommes, 480 sont des communistes. Ils sont de toutes les régions de France, de toutes les conditions sociales : des ouvriers, des paysans, des employés, des gens de classe moyenne et beaucoup d’intellectuels.
« A titre d’exemple, sur le groupe de 11 bourbonnais que nous sommes, nous comptons 3 instituteurs : Jacques GUILLAUMIN de Vichy, Pierre VALIGNAT et André SERVANT de Montluçon. Mon chef de chambre est Roger GARAUDY, professeur de philosophie au lycée Lapeyrouse à Albi. Il y a aussi 5 officiers. Ils ne portent pas leurs galons mais arborent toutes les décorations qu’ils ont obtenues durant la première guerre mondiale.
« Nos conditions de vie ne sont pas aussi rudes qu’à Djelfa où sont enfermés les anciens combattants des Brigades internationales et des Espagnols de l’armée républicaine. Il y aura beaucoup de morts parmi eux.
« A Bossuet, nous comptons relativement peu de morts, pourtant nous n’avons rien pour nous soigner. Les malades restent couchés dans la chambre. Nous avons cependant un médecin et un chirurgien parmi les détenus mais, faute de médicaments, ils ne peuvent rien pour les soigner. Le camarade Elie AUGUSTIN (secrétaire de la fédération communiste du Tarn) est très malade, il s’éteint le 16 septembre 1941, le jour de son anniversaire.
« Malade, j’ai la chance, avec deux autres camarades, d’être transféré à l’hôpital d’Oran. Là non plus, pas de médicament pour nous soigner mais nous couchons dans un lit et la nourriture est meilleure, plus abondante.
« Enfin, le 8 novembre 1942, arrive le débarquement allié. Les nouvelles autorités commencent à nous libérer, petit à petit.
« Les premiers dehors sont les 27 députés communistes enfermés à Alger. Ils vont, à leur tour, se démener pour obtenir notre libération. Je quitte Bossuet parmi les derniers, nous sommes en mai 1943.
« Je ne rentre pas tout de suite en France et pour cause : il n’y a pas de communications entre la France occupée par les Allemands et l’Algérie.
« Après un an de travail dans un club d’officiers américains, je m’engage pour la durée de la guerre. Je pense aller me battre en France avec les copains. En fait, ils m’envoient dans un régiment d’artillerie à Tlemcen.
« De là, je pars ensuite à Constantine, dans une section d’infirmiers puis à Sétif : je suis affecté à l’hôpital militaire où je tiens les registres d’entrée.
« Cela dure jusqu’au jour où le commandant de l’hôpital arrive et nous demande de l’informer s’il y a d’anciens détenus politiques en cours de soins : il veut les faire rentrer en France. Je me signale et lui montre mon certificat.
« Je pars ensuite pour Alger où j’arrive le 10 décembre 1944. J’embarque sur le Sidi Brahim le 25 décembre.
« Après trois jours de traversée, je débarque en France et j’arrive chez moi, le 31 décembre, après une absence de près de quatre ans ».
Il est inutile de rappeler que les conditions d’hygiène, avec les mesures répressives quotidiennes, étaient d’un autre siècle ; n’oublions pas de rappeler aussi qu’on a recensé plus de 50 morts à Djelfa.[1]
[1] Paul CHAUPIN la déportation en Algérie
« Le 1er mars 1941, un gardien vient me dire de me préparer parce que je vais partir. Un convoi d’environ 250 internés est formé. Nous rejoignons le camp de Saint Germain les Belles où nous nous réunissons à un autre convoi d’internés. Les gendarmes nous font monter dans un autre train. Aucun d’entre eux ne veut nous dire où nous partons. Le train nous amène jusqu’à Port-Vendres. Un bateau de transport de moutons, le Djebel Nadar, nous y attend.
« Pour monter à bord, nous passons entre deux rangées de G.M.R. Il nous est toujours impossible de connaître notre destination.
« Nous comprenons, en débarquant le surlendemain à Alger, que notre voyage n’est pas terminé. On nous emmène directement par le train en gare de Blida qui n’est pas le terminus du voyage. Pour le poursuivre, nous sommes entassés dans des wagons à bestiaux (les trop fameux 8 chevaux, 40 hommes). Ce train, tiré par deux machines à cause du relief très accidenté, s’enfonce dans le sud algérien. Finalement, le 4 mars, nous débarquons en gare de Djelfa.
« Là, un fort nous attend. Nos geôliers se sont tellement dépêchés que rien n’est prêt. Les pièces sont vides. Il n’y a rien à manger et nous allons coucher à même le ciment. Comme bienvenue, le commandant nous dit qu’il aura notre peau.
« Peu après arrive un second convoi ; il n’y a plus de place pour les accueillir. Les nouveaux arrivants sont obligés de coucher sous des marabouts de fortune. Les plus valides d’entre nous sont envoyés au sud de la ville pour construire un camp entouré de barbelés. A cette époque de l’année, il ne fait pas bon car il pleut beaucoup. Nous logeons par groupe de six sous les marabouts et comme de bien entendu, nous n’avons pas grand chose à manger. On reçoit peu de courrier, il est contrôlé à Alger et à Djelfa.
« Un jour, nous recevons la visite d’un général et, pour cette visite, nous avons mis en place une délégation pour lui transmettre nos doléances. Quand il voit notre état et rencontre nos délégués, il annonce : « Nous allons vous tirer de là, et là où vous irez, vous serez mieux ! »
« Effectivement, le 19 avril, on nous fait partir pour le sud de l’Oranie. Le départ est donné le vendredi soir, nous voyageons pendant trois jours et ne mangeons que deux fois, le samedi rien, le dimanche midi, nous avons droit à un œuf, deux sardines et un petit morceau de pain. Le dimanche soir, nous retrouvons la gare de Blida. Notre train prend alors la ligne vers le Maroc. A Sidi-Bel-Abbès, où nous faisons un arrêt, nous recevons royalement une demi-assiette de lentilles avec un morceau de pain.
« Puis le train repart. Nous arrivons enfin à une petite gare : « tout le monde descend ! »
« Il est une heure de l’après midi, nous avons faim.
« Deux lieutenants nous attendent sur le quai, mais nous ne sommes pas encore arrivés, notre destination est le camp de Bossuet. Il se trouve à 17 kilomètres de la gare, en pleine montagne (1 500 mètres d’altitude). Nous y arrivons vers 19 heures. Un repas nous est servi, le même que celui des soldats.
« Dans les pièces où nous entrons, nous trouvons des châlits à quatre places. Ils s’avèrent bourrés de punaises, il est impossible de dormir. Dès qu’il fait bon, nous couchons dehors. Notre situation s’est légèrement améliorée.
« Sur les 500 que nous sommes, 480 sont des communistes. Ils sont de toutes les régions de France, de toutes les conditions sociales : des ouvriers, des paysans, des employés, des gens de classe moyenne et beaucoup d’intellectuels.
« A titre d’exemple, sur le groupe de 11 bourbonnais que nous sommes, nous comptons 3 instituteurs : Jacques GUILLAUMIN de Vichy, Pierre VALIGNAT et André SERVANT de Montluçon. Mon chef de chambre est Roger GARAUDY, professeur de philosophie au lycée Lapeyrouse à Albi. Il y a aussi 5 officiers. Ils ne portent pas leurs galons mais arborent toutes les décorations qu’ils ont obtenues durant la première guerre mondiale.
« Nos conditions de vie ne sont pas aussi rudes qu’à Djelfa où sont enfermés les anciens combattants des Brigades internationales et des Espagnols de l’armée républicaine. Il y aura beaucoup de morts parmi eux.
« A Bossuet, nous comptons relativement peu de morts, pourtant nous n’avons rien pour nous soigner. Les malades restent couchés dans la chambre. Nous avons cependant un médecin et un chirurgien parmi les détenus mais, faute de médicaments, ils ne peuvent rien pour les soigner. Le camarade Elie AUGUSTIN (secrétaire de la fédération communiste du Tarn) est très malade, il s’éteint le 16 septembre 1941, le jour de son anniversaire.
« Malade, j’ai la chance, avec deux autres camarades, d’être transféré à l’hôpital d’Oran. Là non plus, pas de médicament pour nous soigner mais nous couchons dans un lit et la nourriture est meilleure, plus abondante.
« Enfin, le 8 novembre 1942, arrive le débarquement allié. Les nouvelles autorités commencent à nous libérer, petit à petit.
« Les premiers dehors sont les 27 députés communistes enfermés à Alger. Ils vont, à leur tour, se démener pour obtenir notre libération. Je quitte Bossuet parmi les derniers, nous sommes en mai 1943.
« Je ne rentre pas tout de suite en France et pour cause : il n’y a pas de communications entre la France occupée par les Allemands et l’Algérie.
« Après un an de travail dans un club d’officiers américains, je m’engage pour la durée de la guerre. Je pense aller me battre en France avec les copains. En fait, ils m’envoient dans un régiment d’artillerie à Tlemcen.
« De là, je pars ensuite à Constantine, dans une section d’infirmiers puis à Sétif : je suis affecté à l’hôpital militaire où je tiens les registres d’entrée.
« Cela dure jusqu’au jour où le commandant de l’hôpital arrive et nous demande de l’informer s’il y a d’anciens détenus politiques en cours de soins : il veut les faire rentrer en France. Je me signale et lui montre mon certificat.
« Je pars ensuite pour Alger où j’arrive le 10 décembre 1944. J’embarque sur le Sidi Brahim le 25 décembre.
« Après trois jours de traversée, je débarque en France et j’arrive chez moi, le 31 décembre, après une absence de près de quatre ans ».
Il est inutile de rappeler que les conditions d’hygiène, avec les mesures répressives quotidiennes, étaient d’un autre siècle ; n’oublions pas de rappeler aussi qu’on a recensé plus de 50 morts à Djelfa.[1]
[1] Paul CHAUPIN la déportation en Algérie
Déportation en Afrique du Nord
Algérie : Terre de Déportation pour les opposants aux gouvernements français, ceux de 1848, ceux de 1851, les mutins du 17ème régiment qui refusèrent de tirer sur les ouvriers, les révoltés de 1917. En 1941, les communistes ne vont pas échapper à cette déportation.
En 1941, le gouvernement PETAIN envisage de vider les camps de rétention dont il assure le fonctionnement en deux zones de 5 000 internés. Les puissances occupantes s’opposent à la déportation en Algérie de leurs ressortissants, mais surtout elles se seraient privées d’un moyen important de pression sur le gouvernement PETAIN et la population, les camps étant des réservoirs d’otages.
Seulement 1 300 internés de la zone non occupée furent déportés en Algérie dont 11 du département de l’Allier.
Pour les internés dans les prisons et camps en Afrique du nord, les gouvernements qui se sont succédés ont refusé à ces internés le titre de déporté alors qu’ils se sont toujours considérés comme tel.
Cette déportation est très mal connue. Pour cette déportation, les gouvernements qui se sont succédé depuis la libération ne peuvent accuser les Allemands d’en être responsables. En même temps, reconnaître à ces déportés leur qualité d’opposant au régime de PETAIN, c’est en faire les premiers résistants
Jean BAC, arrêté en novembre 1940 et purgé sa peine à la prison de Riom, se verra refuser son titre d’interné résistant. Après des actions en justice, la Cour de Cassation lui reconnaitra son titre d’interné résistant.
En 1941, le gouvernement PETAIN envisage de vider les camps de rétention dont il assure le fonctionnement en deux zones de 5 000 internés. Les puissances occupantes s’opposent à la déportation en Algérie de leurs ressortissants, mais surtout elles se seraient privées d’un moyen important de pression sur le gouvernement PETAIN et la population, les camps étant des réservoirs d’otages.
Seulement 1 300 internés de la zone non occupée furent déportés en Algérie dont 11 du département de l’Allier.
Pour les internés dans les prisons et camps en Afrique du nord, les gouvernements qui se sont succédés ont refusé à ces internés le titre de déporté alors qu’ils se sont toujours considérés comme tel.
Cette déportation est très mal connue. Pour cette déportation, les gouvernements qui se sont succédé depuis la libération ne peuvent accuser les Allemands d’en être responsables. En même temps, reconnaître à ces déportés leur qualité d’opposant au régime de PETAIN, c’est en faire les premiers résistants
Jean BAC, arrêté en novembre 1940 et purgé sa peine à la prison de Riom, se verra refuser son titre d’interné résistant. Après des actions en justice, la Cour de Cassation lui reconnaitra son titre d’interné résistant.
Après la grève, la répression
Sentant monter le mécontentement dans la région, le préfet PORTE, qui s’appuie sur le décret-loi du 29 novembre 1939 et son arrêté du 2 décembre 1940, (qui prévoit l’internement sans que la participation à un acte répréhensible puisse être imputée), décide de l’internement, le 2 janvier 1941, à Saint Paul d’Eyjeaux, de :
- Charles BELIDON, délégué mineur pour les mines de Saint-Hilaire et du Méglin est arrêté le 7 janvier 1941. Il est interné à Nexon, bien qu’il ait pris soin de se tenir hors de la grève
- Jean Baptiste VIRLOGEUX, retraité mineur à Buxières-les-Mines, arrêté le 15 janvier 1941, interné à Nexon, bien que sans lien avec la grève. Ils seront déportés dans les camps d’Afrique du Nord.
Le 8 février, les gendarmes de Noyant arrêtent Léon LAJARGE qui est né en 1902, à Buxières où il a passé sa jeunesse et où il a côtoyé Fernand VIRLOGEUX, son cadet de quelques années. Avant la guerre, il travaille à Montluçon, aux usines Dunlop, où il est connu comme un militant communiste. Au mois de décembre, il est embauché à la mine de Saint-Hilaire. Il va aider Fernand lors des prises de parole au fond de la mine. C’est lui qui va être chargé de transmettre les revendications des mineurs à la direction, à savoir : augmentation des salaires, pas de travail le dimanche, augmentation des rations alimentaires.
Fernand VIRLOGEUX est arrêté le 9 février, voici son témoignage :
« J’ai été arrêté, le 9 février 1941, par les gendarmes du Montet. (Les gendarmes, bons bougres, m’ont laissé dormir une nuit de plus à la maison), ainsi que Lucien LEPE, de la mine du Méglin, que la direction considère comme un meneur ».
Ils sont conduits, tous les trois, par la maréchaussée, au camp de Nexon où Fernand retrouve son père.
Léon LAJARGE sera libéré du camp de Saint Paul d’Eyjeaux, le 5 décembre 1942. Il est assigné à résidence à Montluçon, il travaillera dès janvier 1943 à la société Air Liquide.
Lucien LEPE sera libéré du camp de Nexon en avril 1942 et reprendra son travail à la mine.
Fernand VIRLOGEUX sera déporté dans les camps d’internement en Algérie et ne rentera en France que fin décembre 1944.
Les patrons des mines espèrent que ces arrestations vont créer un climat de soumission parmi les mineurs. C’est mal les connaître car, le 18 août 1941, une nouvelle grève éclate au puits du Plamores, à Buxières-les-Mines. Les mineurs veulent des meilleures conditions d’hygiène (des douches à la sortie du travail). Elle entraîne l’arrestation, le 27 août, d’Antoine BERNADAT, délégué mineur et d’Henri PONTET, militant syndical. Ils sont internés à Nexon. Les sanctions sont tombées très rapidement.
Antoine BERNADAT connaîtra les camps de Nexon et de Saint Paul d’Eyjeaux d’où il sera libéré en février 1943. Il sera placé en résidence surveillée pendant 3 mois avant de revenir travailler à la mine.
Henri PONTET connaîtra, comme BERNADAT, les camps de Nexon et de Saint Paul d’Eyjeaux. Lors d’une permission, qui lui avait été accordée pour l’enterrement de son beau-père, il rejoindra la Résistance. Il est arrêté à Saint Etienne, par la milice, au mois de mai. Il connaitra les prisons de Saint Etienne, Saint Paul à Lyon et le camp de concentration de Dachau où il décède, le 25 septembre 1944.
Les mineurs vont continuer la résistance et entrer dans les maquis. Le 8 août 1944, huit mineurs de Saint-Hilaire seront tués à la bataille de Bouillole :
DOBROWOLKI Stanislas 17 ans
GUICHON Marcel 20 ans
MUSKI Micezlaw 20 ans
RULMANN Roger 20 ans
WUKA Antoine 48 ans
RANOUX Jacques 18 ans
COTAKIS Elian 20 ans
ISNARD Jean 19 ans
Comme dans les mines de l’Allier, d’autres mineurs ont fait la grève pendant cette période, comme dans le Nord de la France.
Voici le témoignage de Roger LHOMMET sur la grande grève de 1941, adressé au Patriote Résistant.
« Le 3 juin toutes les concessions du Pas-de-Calais sont en grève. La grève est totale et se développe dans le département du Nord.
« Le 4 juin, une manifestation, regroupant 1500 femmes, devant le grand bureau des mines de Courrières à Billy-Montigny, réclame un meilleur ravitaillement, les Allemands de la Feldkommandantur de Lens interviennent et repoussent les manifestantes.
« Le 8 juin, au lever du jour, une auto s’arrête devant notre domicile, la police française et les Feldgendarmes tapent dans la porte. Réveillés, ma sœur et moi alertons nos parents qui se lèvent. Mon père arrive à s’enfuir, ma mère est arrêtée. Toute la journée, des mineurs sont appréhendés chez eux, mon oncle, des voisins, conduits dans des camions bâchés à la caserne Kléber à Lille et à la caserne Vincent de Valenciennes. Pour le département du Pas-de-Calais, plusieurs centaines de mineurs sont arrêtés ainsi qu’une quarantaine de femmes, épouses de militants ou militantes elles-mêmes. Elles furent libérées le 21 juin, veille de l’entrée des troupes allemandes en U.R.S.S.
Pour certains historiens, cette grève n’est pas un acte de résistance. Mais, arrêter la production de charbon, n’était-ce pas nuire à l’économie de guerre de l’Allemagne.
Il en est de même pour ceux qui imprimaient les tracts, journaux et les distribuaient.
- Charles BELIDON, délégué mineur pour les mines de Saint-Hilaire et du Méglin est arrêté le 7 janvier 1941. Il est interné à Nexon, bien qu’il ait pris soin de se tenir hors de la grève
- Jean Baptiste VIRLOGEUX, retraité mineur à Buxières-les-Mines, arrêté le 15 janvier 1941, interné à Nexon, bien que sans lien avec la grève. Ils seront déportés dans les camps d’Afrique du Nord.
Le 8 février, les gendarmes de Noyant arrêtent Léon LAJARGE qui est né en 1902, à Buxières où il a passé sa jeunesse et où il a côtoyé Fernand VIRLOGEUX, son cadet de quelques années. Avant la guerre, il travaille à Montluçon, aux usines Dunlop, où il est connu comme un militant communiste. Au mois de décembre, il est embauché à la mine de Saint-Hilaire. Il va aider Fernand lors des prises de parole au fond de la mine. C’est lui qui va être chargé de transmettre les revendications des mineurs à la direction, à savoir : augmentation des salaires, pas de travail le dimanche, augmentation des rations alimentaires.
Fernand VIRLOGEUX est arrêté le 9 février, voici son témoignage :
« J’ai été arrêté, le 9 février 1941, par les gendarmes du Montet. (Les gendarmes, bons bougres, m’ont laissé dormir une nuit de plus à la maison), ainsi que Lucien LEPE, de la mine du Méglin, que la direction considère comme un meneur ».
Ils sont conduits, tous les trois, par la maréchaussée, au camp de Nexon où Fernand retrouve son père.
Léon LAJARGE sera libéré du camp de Saint Paul d’Eyjeaux, le 5 décembre 1942. Il est assigné à résidence à Montluçon, il travaillera dès janvier 1943 à la société Air Liquide.
Lucien LEPE sera libéré du camp de Nexon en avril 1942 et reprendra son travail à la mine.
Fernand VIRLOGEUX sera déporté dans les camps d’internement en Algérie et ne rentera en France que fin décembre 1944.
Les patrons des mines espèrent que ces arrestations vont créer un climat de soumission parmi les mineurs. C’est mal les connaître car, le 18 août 1941, une nouvelle grève éclate au puits du Plamores, à Buxières-les-Mines. Les mineurs veulent des meilleures conditions d’hygiène (des douches à la sortie du travail). Elle entraîne l’arrestation, le 27 août, d’Antoine BERNADAT, délégué mineur et d’Henri PONTET, militant syndical. Ils sont internés à Nexon. Les sanctions sont tombées très rapidement.
Antoine BERNADAT connaîtra les camps de Nexon et de Saint Paul d’Eyjeaux d’où il sera libéré en février 1943. Il sera placé en résidence surveillée pendant 3 mois avant de revenir travailler à la mine.
Henri PONTET connaîtra, comme BERNADAT, les camps de Nexon et de Saint Paul d’Eyjeaux. Lors d’une permission, qui lui avait été accordée pour l’enterrement de son beau-père, il rejoindra la Résistance. Il est arrêté à Saint Etienne, par la milice, au mois de mai. Il connaitra les prisons de Saint Etienne, Saint Paul à Lyon et le camp de concentration de Dachau où il décède, le 25 septembre 1944.
Les mineurs vont continuer la résistance et entrer dans les maquis. Le 8 août 1944, huit mineurs de Saint-Hilaire seront tués à la bataille de Bouillole :
DOBROWOLKI Stanislas 17 ans
GUICHON Marcel 20 ans
MUSKI Micezlaw 20 ans
RULMANN Roger 20 ans
WUKA Antoine 48 ans
RANOUX Jacques 18 ans
COTAKIS Elian 20 ans
ISNARD Jean 19 ans
Comme dans les mines de l’Allier, d’autres mineurs ont fait la grève pendant cette période, comme dans le Nord de la France.
Voici le témoignage de Roger LHOMMET sur la grande grève de 1941, adressé au Patriote Résistant.
« Le 3 juin toutes les concessions du Pas-de-Calais sont en grève. La grève est totale et se développe dans le département du Nord.
« Le 4 juin, une manifestation, regroupant 1500 femmes, devant le grand bureau des mines de Courrières à Billy-Montigny, réclame un meilleur ravitaillement, les Allemands de la Feldkommandantur de Lens interviennent et repoussent les manifestantes.
« Le 8 juin, au lever du jour, une auto s’arrête devant notre domicile, la police française et les Feldgendarmes tapent dans la porte. Réveillés, ma sœur et moi alertons nos parents qui se lèvent. Mon père arrive à s’enfuir, ma mère est arrêtée. Toute la journée, des mineurs sont appréhendés chez eux, mon oncle, des voisins, conduits dans des camions bâchés à la caserne Kléber à Lille et à la caserne Vincent de Valenciennes. Pour le département du Pas-de-Calais, plusieurs centaines de mineurs sont arrêtés ainsi qu’une quarantaine de femmes, épouses de militants ou militantes elles-mêmes. Elles furent libérées le 21 juin, veille de l’entrée des troupes allemandes en U.R.S.S.
Pour certains historiens, cette grève n’est pas un acte de résistance. Mais, arrêter la production de charbon, n’était-ce pas nuire à l’économie de guerre de l’Allemagne.
Il en est de même pour ceux qui imprimaient les tracts, journaux et les distribuaient.
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