mercredi 13 décembre 2006

Robert MARCHADIER

En décembre 1943, je fais la connaissance de Robert MARCHADIER, alors qu’il est emprisonné à la prison Saint-Paul à Lyon.
Il est né en 1911, à Clermont Ferrand. Il était, avant la guerre, un responsable syndical très connu. Il était secrétaire du syndicat des usines Michelin et membre du comité central du parti communiste. Après les grèves de novembre 1938, il est arrêté et emprisonné à la prison de Riom pendant plusieurs mois.
Quelques jours avant la déclaration de guerre à l’Allemagne, le 26 juillet 1939, il est rappelé au 28ème régiment du Génie Militaire, à Montpellier. Après la signature de l’Armistice, il est démobilisé à Toulouse, le 25 juillet 1940.
Une semaine après son retour à Clermont, il est convoqué à la sûreté par le commissaire BERNARD et un représentant du préfet. Ils lui demandent de justifier ses moyens d’existence et de condamner le pacte germano-soviétique, ce qu’il refuse.
Il est mis en semi-liberté et, le 27 août, il doit émarger une feuille précisant qu’à la moindre résistance de sa part, il serait interné.
« Au moment où le P.C. se prépare à passer dans la clandestinité, les interrogations et cogitations furent nombreuses. Nos responsables ont bien pensé qu’il ne fallait pas donner prise au suivi de surveillance policière dont nous étions assurément l’objet, c’est pour cela que le dépaysement du travail fut arrêté. Il m’a échoué l’Allier non occupée et l’Indre (sur le même parcours en chemin de fer pour simplifier les déplacements et en réduire les coûts) ». Ce passage dans la clandestinité lui permet d’échapper aux policiers venus l’arrêter, le 16 octobre 1940, le préfet ayant prescrit son internement.
Au cours des deux mois de semi-liberté, il va participer à la reconstitution des organismes dissous et de petits noyaux d’opposants, à la création de deux imprimeries clandestines, l’une rue Pascal et l’autre à Chanturgue, dans une cabane.
La première fut entièrement fabriquée par un ouvrier matriceur, FERRIERE, la seconde fut constituée d’une ronéo fournie par Julien FAVARD de Riom et transportée du jardin de celui-ci au domicile de CUOQ, par Robert MICHEL.
C’est avec ces machines que fut tiré, le 25 août 1940, à 1200 exemplaires « l’Appel au Peuple de France », du 10 juillet 1940, portant la signature de Maurice THOREZ et de Jacques DUCLOS, secrétaires nationaux du P.C. et qui furent distribués à Clermont Ferrand.
« Ce fut possible grâce au rétablissement des liaisons avec la zone Nord par l’intermédiaire d’Albert RIGAL, conseiller municipal de Paris, alias Jean, qui m’apporta les premiers stencils de l’Humanité clandestine et de l’appel du 10 juillet 1940. »