mercredi 13 décembre 2006

L’action de Robert MARCHADIER dans l’Allier

« Pour organiser le parti clandestin dans l’Allier, je prends contact avec Roger VARRIERAS, que je connaissais pour son action syndicale à l’usine Saint Jacques et comme secrétaire fédéral du département de l’Allier. Celui-ci me met en relation avec Louis BAVAY et son fils, qui est un des responsables de la J.C. de l’Allier.
« Après l’arrestation de VARRIERAS et de Louis BAVAY, le 8 octobre 1940, Madame BAVAY maintient le contact.
« Lors de ses contacts dans l’Allier, elle est hébergée par le boulanger MOINDREAU et par le cheminot MONTENDREAU, du dépôt de Montluçon.
« Fin octobre, pour raison de sécurité, je romps les contacts avec l’Allier qui passe sous la responsabilité d’un autre « inter ».

Son arrestation
« Je suis nommé inter pour les départements de la Haute-Vienne, de la Dordogne, de la Corrèze, de la Creuse, de l’Indre et des portions non occupées de l’Indre-et-Loire et de la Gironde.
« Victime d’une dénonciation de mon relais, je suis arrêté à Châteauroux le 10 février 1941 et rejoins, à la maison d’arrêt, 20 communistes qui m’ont précédé. Le 15 avril, le tribunal de 1ère instance de Châteauroux prend une décision de dessaisissement au profit du tribunal militaire de Clermont. Celui-ci va prononcer de lourdes peines contre les 16 communistes arrêtés dans cette affaire (5 inculpés ayant bénéficié d’un non-lieu).
« Avec la loi du 14 août 1941 qui crée les sections spéciales, la justice militaire ne s’embarrasse pas de scrupules. Je vais être accusé d’« atteinte à la sûreté de l’état, de trahison » ce qui me rend, d’après la loi SEROL, passible de la peine de mort. »
Le 11 septembre 1941 s’ouvre « le procès des seize ».
Je suis accusé « d’avoir, depuis le mois d’octobre 1940 et au cours de l’année 1941, à Châteauroux, participé sciemment à une entreprise de démoralisation de la nation ayant pour objet de nuire à la défense nationale,
« - En donnant à des tiers, en qualité de dirigeant, des prescriptions tendant à la reconstitution du parti communiste,
« - En écrivant des articles de journaux destinés à la diffusion et dans lesquels il accuse le gouvernement d’être aux ordres de l’étranger,
« - En préconisant la lutte contre la révolution nationale sous prétexte qu’elle ne peut être acceptée parce que faite sous la protection des baïonnettes étrangères,
« - En faisant usage d’une fausse carte d’identité.
« - A exercé une activité ayant directement ou indirectement pour objet de propager les mots d’ordre relevant de la 3ème internationale communiste ».
« Le commissaire du gouvernement demande la peine de mort pour LEMOINE et pour MARCHADIER. La sentence de mort qui est rendue dans une atmosphère oppressante elle est sans recours et sans appel, est immédiatement exécutoire. C’est alors que de partout vont se lever des hommes et des femmes révoltées par ce verdict de haine et de peur.
« Des graffitis, des affichettes couvrent les murs de Clermont. Dès le lendemain, à 4h30 du matin, des tracts sont distribués à l’entrée des usines. Une liste de 10 collaborateurs notoires avec, à sa tête, le préfet BRUN est établie. « Ses membres seront exécutés si le jugement inique qui nous frappe est appliqué ». Me Andrée THIBOUT intervient auprès de PETAIN pour obtenir un sursis à notre exécution tandis qu’Alexandre VARENNE, directeur de la Montagne, demande la commutation de nos peines en travaux forcés. »
Devant cette réaction de l’opinion publique, la grâce est accordée et les journaux du 13 septembre 1941 titrent : « la clémence du Maréchal », «la justice du Maréchal », mais ne parlent pas de cette magnifique et vigoureuse réaction de l’opinion publique qui annonce la participation populaire à la libération de la France, en 1944.
Son évasion
En 1943, il purge sa peine à la prison cellulaire de Saint-Étienne. Le 26 septembre 1943, 25 communistes et gaullistes s’évadent.
Robert MARCHADIER, après un court séjour dans une ferme de l’Allier ------pour se refaire une santé, est affecté à l’Etat Major des F.T.P. de la zone Sud. Il est arrêté à nouveau le 23 décembre 1943, à Vaulx-en-Velin et emprisonné à la prison de Lyon.