vendredi 15 décembre 2006

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jeudi 14 décembre 2006

en avant-première

Robert FALLUT, acteur de la Résistance, victime de la déportation, et rescapé de la barbarie nazie, travaille depuis toujours à la préservation de la mémoire de la Résistance et à l'enseignement de son histoire dans l'Allier. Après la publication de plusieurs livres, et en avant-première de la publication d'un nouvelouvrage, il livre ici le fruit d'un travail patient de recherches et de témoignages qui établit les bases d'une meilleure connaissance de la naissance et du développement de la Résistance armée dans l'Allier.

mercredi 13 décembre 2006

Les déportés de l’Allier en Afrique du nord

AUMOINE Charles, de Domérat, 19/02/1892
AUBOUARD Arthur, de Saint-Hilaire, 07/11/1898
BELLIDON Charles, de Saint-Hilaire, 19/03/1890
BEGUIN Henri, de Saint Yorre, 05/05/1874
COUILLEBEAU Louis, de Le Brethon, 16/04/1897
GUILLAUMIN Jacques, de Vichy, 03/01/1890
SERVANT André, de Montluçon, 02/02/1905
VARIERAS Roger, de Montluçon, 19/10/1908
VALIGNAT Pierre, de Montluçon, 25/07 1905
VIRLOGEUX Alexis, de Buxières-les-Mines, 05/08/1879
VIRLOGEUX Fernand, de Buxières-les-Mines, 23/07/1905

Déportation a Djénien Bou Rezg

Pour Roger VARIERAS et Pierre VALIGNAT, les conditions de déportation furent beaucoup plus dures. Ils furent séparés de leurs camarades et envoyés, avec une trentaine d’autres, au camp de Djénien Bou Rezg.
« Ce qu’un arrêté préfectoral indiquait comme « centre de séjour surveillé » était, en réalité, une grande forteresse située dans un lieu absolument désertique entre Aïn-Séfra et Colomb-Béchar, à 800 kilomètres d’Oran. Elle relève uniquement de l’autorité militaire.
L’hygiène y est à peu près nulle (très peu d’eau pour la boisson et la toilette).
- Pas de lit, les détenus couchent à même le ciment, sur des nattes infestées de punaises.
- La nourriture était mauvaise, soupe où nageait de rares légumes et un peu de viande de mouton de dernière qualité. L’amaigrissement était général, de 15 à 20 kilos par détenus, en moyenne.
- Manque de soins, plusieurs détenus sont morts ayant été transporté trop tard à l’hôpital.
Au camp de Djenien, le travail était obligatoire, il avait tous les caractères de travaux forcés appliqués aux militaires condamnés « aux travaux publics »:
Les principaux chantiers étaient :
-dégagement du lit de l’oued obstrué par de gros blocs de pierre (travail très dur),
- construction d’un bassin ou d’un point d’eau,
- entretien d’un jardin potager autour du point d’eau,
- corvée de bois : il s’agissait de rechercher et d’arracher les racines épineuses qui sont dans les sables. Les corvées effectuaient deux voyages par jour quelles que fussent les températures (40 à 50 degrés).
Au point de vue disciplinaire, un régime draconien sévissait où les punitions étaient distribuées abondamment pour les motifs les plus futiles ».
[1]
Pour obtenir une amélioration des conditions de détention, les déportés durent recourir à une grève de la faim qui dura 12 jours.
[1] André MOINE : déportation en Afrique du nord, 1939-1944 (page 183)

Témoignage de Fernand VIRLOGEUX

SA DEPORTATION EN ALGERIE

« Le 1er mars 1941, un gardien vient me dire de me préparer parce que je vais partir. Un convoi d’environ 250 internés est formé. Nous rejoignons le camp de Saint Germain les Belles où nous nous réunissons à un autre convoi d’internés. Les gendarmes nous font monter dans un autre train. Aucun d’entre eux ne veut nous dire où nous partons. Le train nous amène jusqu’à Port-Vendres. Un bateau de transport de moutons, le Djebel Nadar, nous y attend.
« Pour monter à bord, nous passons entre deux rangées de G.M.R. Il nous est toujours impossible de connaître notre destination.
« Nous comprenons, en débarquant le surlendemain à Alger, que notre voyage n’est pas terminé. On nous emmène directement par le train en gare de Blida qui n’est pas le terminus du voyage. Pour le poursuivre, nous sommes entassés dans des wagons à bestiaux (les trop fameux 8 chevaux, 40 hommes). Ce train, tiré par deux machines à cause du relief très accidenté, s’enfonce dans le sud algérien. Finalement, le 4 mars, nous débarquons en gare de Djelfa.
« Là, un fort nous attend. Nos geôliers se sont tellement dépêchés que rien n’est prêt. Les pièces sont vides. Il n’y a rien à manger et nous allons coucher à même le ciment. Comme bienvenue, le commandant nous dit qu’il aura notre peau.
« Peu après arrive un second convoi ; il n’y a plus de place pour les accueillir. Les nouveaux arrivants sont obligés de coucher sous des marabouts de fortune. Les plus valides d’entre nous sont envoyés au sud de la ville pour construire un camp entouré de barbelés. A cette époque de l’année, il ne fait pas bon car il pleut beaucoup. Nous logeons par groupe de six sous les marabouts et comme de bien entendu, nous n’avons pas grand chose à manger. On reçoit peu de courrier, il est contrôlé à Alger et à Djelfa.
« Un jour, nous recevons la visite d’un général et, pour cette visite, nous avons mis en place une délégation pour lui transmettre nos doléances. Quand il voit notre état et rencontre nos délégués, il annonce : « Nous allons vous tirer de là, et là où vous irez, vous serez mieux ! »
« Effectivement, le 19 avril, on nous fait partir pour le sud de l’Oranie. Le départ est donné le vendredi soir, nous voyageons pendant trois jours et ne mangeons que deux fois, le samedi rien, le dimanche midi, nous avons droit à un œuf, deux sardines et un petit morceau de pain. Le dimanche soir, nous retrouvons la gare de Blida. Notre train prend alors la ligne vers le Maroc. A Sidi-Bel-Abbès, où nous faisons un arrêt, nous recevons royalement une demi-assiette de lentilles avec un morceau de pain.
« Puis le train repart. Nous arrivons enfin à une petite gare : « tout le monde descend ! »
« Il est une heure de l’après midi, nous avons faim.
« Deux lieutenants nous attendent sur le quai, mais nous ne sommes pas encore arrivés, notre destination est le camp de Bossuet. Il se trouve à 17 kilomètres de la gare, en pleine montagne (1 500 mètres d’altitude). Nous y arrivons vers 19 heures. Un repas nous est servi, le même que celui des soldats.
« Dans les pièces où nous entrons, nous trouvons des châlits à quatre places. Ils s’avèrent bourrés de punaises, il est impossible de dormir. Dès qu’il fait bon, nous couchons dehors. Notre situation s’est légèrement améliorée.
« Sur les 500 que nous sommes, 480 sont des communistes. Ils sont de toutes les régions de France, de toutes les conditions sociales : des ouvriers, des paysans, des employés, des gens de classe moyenne et beaucoup d’intellectuels.
« A titre d’exemple, sur le groupe de 11 bourbonnais que nous sommes, nous comptons 3 instituteurs : Jacques GUILLAUMIN de Vichy, Pierre VALIGNAT et André SERVANT de Montluçon. Mon chef de chambre est Roger GARAUDY, professeur de philosophie au lycée Lapeyrouse à Albi. Il y a aussi 5 officiers. Ils ne portent pas leurs galons mais arborent toutes les décorations qu’ils ont obtenues durant la première guerre mondiale.
« Nos conditions de vie ne sont pas aussi rudes qu’à Djelfa où sont enfermés les anciens combattants des Brigades internationales et des Espagnols de l’armée républicaine. Il y aura beaucoup de morts parmi eux.
« A Bossuet, nous comptons relativement peu de morts, pourtant nous n’avons rien pour nous soigner. Les malades restent couchés dans la chambre. Nous avons cependant un médecin et un chirurgien parmi les détenus mais, faute de médicaments, ils ne peuvent rien pour les soigner. Le camarade Elie AUGUSTIN (secrétaire de la fédération communiste du Tarn) est très malade, il s’éteint le 16 septembre 1941, le jour de son anniversaire.
« Malade, j’ai la chance, avec deux autres camarades, d’être transféré à l’hôpital d’Oran. Là non plus, pas de médicament pour nous soigner mais nous couchons dans un lit et la nourriture est meilleure, plus abondante.
« Enfin, le 8 novembre 1942, arrive le débarquement allié. Les nouvelles autorités commencent à nous libérer, petit à petit.
« Les premiers dehors sont les 27 députés communistes enfermés à Alger. Ils vont, à leur tour, se démener pour obtenir notre libération. Je quitte Bossuet parmi les derniers, nous sommes en mai 1943.
« Je ne rentre pas tout de suite en France et pour cause : il n’y a pas de communications entre la France occupée par les Allemands et l’Algérie.
« Après un an de travail dans un club d’officiers américains, je m’engage pour la durée de la guerre. Je pense aller me battre en France avec les copains. En fait, ils m’envoient dans un régiment d’artillerie à Tlemcen.
« De là, je pars ensuite à Constantine, dans une section d’infirmiers puis à Sétif : je suis affecté à l’hôpital militaire où je tiens les registres d’entrée.
« Cela dure jusqu’au jour où le commandant de l’hôpital arrive et nous demande de l’informer s’il y a d’anciens détenus politiques en cours de soins : il veut les faire rentrer en France. Je me signale et lui montre mon certificat.
« Je pars ensuite pour Alger où j’arrive le 10 décembre 1944. J’embarque sur le Sidi Brahim le 25 décembre.
« Après trois jours de traversée, je débarque en France et j’arrive chez moi, le 31 décembre, après une absence de près de quatre ans ».
Il est inutile de rappeler que les conditions d’hygiène, avec les mesures répressives quotidiennes, étaient d’un autre siècle ; n’oublions pas de rappeler aussi qu’on a recensé plus de 50 morts à Djelfa.
[1]
[1] Paul CHAUPIN la déportation en Algérie

Déportation en Afrique du Nord

Algérie : Terre de Déportation pour les opposants aux gouvernements français, ceux de 1848, ceux de 1851, les mutins du 17ème régiment qui refusèrent de tirer sur les ouvriers, les révoltés de 1917. En 1941, les communistes ne vont pas échapper à cette déportation.
En 1941, le gouvernement PETAIN envisage de vider les camps de rétention dont il assure le fonctionnement en deux zones de 5 000 internés. Les puissances occupantes s’opposent à la déportation en Algérie de leurs ressortissants, mais surtout elles se seraient privées d’un moyen important de pression sur le gouvernement PETAIN et la population, les camps étant des réservoirs d’otages.
Seulement 1 300 internés de la zone non occupée furent déportés en Algérie dont 11 du département de l’Allier.
Pour les internés dans les prisons et camps en Afrique du nord, les gouvernements qui se sont succédés ont refusé à ces internés le titre de déporté alors qu’ils se sont toujours considérés comme tel.

Cette déportation est très mal connue. Pour cette déportation, les gouvernements qui se sont succédé depuis la libération ne peuvent accuser les Allemands d’en être responsables. En même temps, reconnaître à ces déportés leur qualité d’opposant au régime de PETAIN, c’est en faire les premiers résistants
Jean BAC, arrêté en novembre 1940 et purgé sa peine à la prison de Riom, se verra refuser son titre d’interné résistant. Après des actions en justice, la Cour de Cassation lui reconnaitra son titre d’interné résistant.

Après la grève, la répression

Sentant monter le mécontentement dans la région, le préfet PORTE, qui s’appuie sur le décret-loi du 29 novembre 1939 et son arrêté du 2 décembre 1940, (qui prévoit l’internement sans que la participation à un acte répréhensible puisse être imputée), décide de l’internement, le 2 janvier 1941, à Saint Paul d’Eyjeaux, de :
- Charles BELIDON, délégué mineur pour les mines de Saint-Hilaire et du Méglin est arrêté le 7 janvier 1941. Il est interné à Nexon, bien qu’il ait pris soin de se tenir hors de la grève
- Jean Baptiste VIRLOGEUX, retraité mineur à Buxières-les-Mines, arrêté le 15 janvier 1941, interné à Nexon, bien que sans lien avec la grève. Ils seront déportés dans les camps d’Afrique du Nord.

Le 8 février, les gendarmes de Noyant arrêtent Léon LAJARGE qui est né en 1902, à Buxières où il a passé sa jeunesse et où il a côtoyé Fernand VIRLOGEUX, son cadet de quelques années. Avant la guerre, il travaille à Montluçon, aux usines Dunlop, où il est connu comme un militant communiste. Au mois de décembre, il est embauché à la mine de Saint-Hilaire. Il va aider Fernand lors des prises de parole au fond de la mine. C’est lui qui va être chargé de transmettre les revendications des mineurs à la direction, à savoir : augmentation des salaires, pas de travail le dimanche, augmentation des rations alimentaires.

Fernand VIRLOGEUX est arrêté le 9 février, voici son témoignage :
« J’ai été arrêté, le 9 février 1941, par les gendarmes du Montet. (Les gendarmes, bons bougres, m’ont laissé dormir une nuit de plus à la maison), ainsi que Lucien LEPE, de la mine du Méglin, que la direction considère comme un meneur ».
Ils sont conduits, tous les trois, par la maréchaussée, au camp de Nexon où Fernand retrouve son père.
Léon LAJARGE sera libéré du camp de Saint Paul d’Eyjeaux, le 5 décembre 1942. Il est assigné à résidence à Montluçon, il travaillera dès janvier 1943 à la société Air Liquide.
Lucien LEPE sera libéré du camp de Nexon en avril 1942 et reprendra son travail à la mine.
Fernand VIRLOGEUX sera déporté dans les camps d’internement en Algérie et ne rentera en France que fin décembre 1944.
Les patrons des mines espèrent que ces arrestations vont créer un climat de soumission parmi les mineurs. C’est mal les connaître car, le 18 août 1941, une nouvelle grève éclate au puits du Plamores, à Buxières-les-Mines. Les mineurs veulent des meilleures conditions d’hygiène (des douches à la sortie du travail). Elle entraîne l’arrestation, le 27 août, d’Antoine BERNADAT, délégué mineur et d’Henri PONTET, militant syndical. Ils sont internés à Nexon. Les sanctions sont tombées très rapidement.
Antoine BERNADAT connaîtra les camps de Nexon et de Saint Paul d’Eyjeaux d’où il sera libéré en février 1943. Il sera placé en résidence surveillée pendant 3 mois avant de revenir travailler à la mine.
Henri PONTET connaîtra, comme BERNADAT, les camps de Nexon et de Saint Paul d’Eyjeaux. Lors d’une permission, qui lui avait été accordée pour l’enterrement de son beau-père, il rejoindra la Résistance. Il est arrêté à Saint Etienne, par la milice, au mois de mai. Il connaitra les prisons de Saint Etienne, Saint Paul à Lyon et le camp de concentration de Dachau où il décède, le 25 septembre 1944.

Les mineurs vont continuer la résistance et entrer dans les maquis. Le 8 août 1944, huit mineurs de Saint-Hilaire seront tués à la bataille de Bouillole :
DOBROWOLKI Stanislas 17 ans
GUICHON Marcel 20 ans
MUSKI Micezlaw 20 ans
RULMANN Roger 20 ans
WUKA Antoine 48 ans
RANOUX Jacques 18 ans
COTAKIS Elian 20 ans
ISNARD Jean 19 ans

Comme dans les mines de l’Allier, d’autres mineurs ont fait la grève pendant cette période, comme dans le Nord de la France.
Voici le témoignage de Roger LHOMMET sur la grande grève de 1941, adressé au Patriote Résistant.
« Le 3 juin toutes les concessions du Pas-de-Calais sont en grève. La grève est totale et se développe dans le département du Nord.
« Le 4 juin, une manifestation, regroupant 1500 femmes, devant le grand bureau des mines de Courrières à Billy-Montigny, réclame un meilleur ravitaillement, les Allemands de la Feldkommandantur de Lens interviennent et repoussent les manifestantes.
« Le 8 juin, au lever du jour, une auto s’arrête devant notre domicile, la police française et les Feldgendarmes tapent dans la porte. Réveillés, ma sœur et moi alertons nos parents qui se lèvent. Mon père arrive à s’enfuir, ma mère est arrêtée. Toute la journée, des mineurs sont appréhendés chez eux, mon oncle, des voisins, conduits dans des camions bâchés à la caserne Kléber à Lille et à la caserne Vincent de Valenciennes. Pour le département du Pas-de-Calais, plusieurs centaines de mineurs sont arrêtés ainsi qu’une quarantaine de femmes, épouses de militants ou militantes elles-mêmes. Elles furent libérées le 21 juin, veille de l’entrée des troupes allemandes en U.R.S.S.
Pour certains historiens, cette grève n’est pas un acte de résistance. Mais, arrêter la production de charbon, n’était-ce pas nuire à l’économie de guerre de l’Allemagne.
Il en est de même pour ceux qui imprimaient les tracts, journaux et les distribuaient.

Grève à la mine de Saint-Hilaire

Entretien avec Fernand VIRLOGEUX :
Voici quelques renseignements donnés par Fernand, lors d’une visite que je lui rendais, en 1984, à la maison de retraite à Montluçon :
« Je vais faire mon possible pour te donner les renseignements que tu me demandes mais ça fait longtemps, j’en ai oublié certains détails.
« En ce qui concerne la grève que nous avons faite, c’était dans la première quinzaine de décembre 1940 (en réalité, début janvier 1941). La direction voulait nous faire travailler un dimanche sur deux.
« Les mineurs ne voulaient pas et se sont adressés à moi. Bien que je sois déchu de mes mandats de délégué mineur suppléant et de responsable syndical, pour eux, je comptais toujours.
« Ils n’avaient pas accepté mon remplaçant, mis en place par la direction.
« Après réflexion et malgré le danger que ça représentait pour moi, j’acceptais d’organiser une réunion.
« Comme, au puits de Saint-Hilaire, il y avait des mineurs habitant sur plusieurs communes, pour les avoir tous, j’ai fait cette réunion au fond de la mine, à la fin du poste, dans le travers banc, là où tout le monde doit passer.
« J’ai pris la parole, ainsi que Léon LAJARGE, ton cousin, dont le frère, Gilbert, est interné depuis le 8 octobre 1940.
« La grève est votée. Elle a lieu dans la première quinzaine de décembre (en réalité première quinzaine de janvier 1942) et c’est un succès. Elle est suivie par 150 ouvriers sur les 157 qui travaillent à la mine, malgré les menaces de répression de la direction.
« La direction a mis ses menaces à exécution. ».
Cette grève marque le début de la résistance organisée dans l’Allier.

Grève à la mine de Buxières-les-Mines

C’est à la mine du Méglin que se manifesta la combativité des mineurs. Ils refusèrent de travailler le 4 décembre 1940, jour de la sainte Barbe, leur patronne. En effet, avant-guerre, ce jour-là était chômé et payé. C’était, pour les mineurs et leurs familles, un grand jour de fête, où les mineurs des trois mines se retrouvaient et défilaient dans les rues de Buxières. Il n’y a pas eu de réaction de la part de la direction à cette première action collective.

Les grèves dans les mines de Saint-Hilaire et Buxières : premières actions organisées de résistance

En 1940, 3 mines sont en activité sur les communes de Buxières-les-Mines et de Saint-Hilaire : les mines de Saint-Hilaire et le Méglin qui appartiennent au même patron et les Plamores à un autre.
Ces mineurs sont, très tôt, en relation avec des responsables de leur syndicat C.G.T. illégal, dont le siège est à Saint-Étienne. Ils ont, dans l’illégalité, réorganisé leur syndicat et ont des contacts avec le parti communiste illégal par CHICAUD, de Montluçon.
Des historiens font partir la résistance de l’attaque de l’U.R.S.S. par l’Allemagne, c'est-à-dire du 21 juin 1941.
Les historiens C. VILLARD et GRIVOPISSKO déclarent, dans le livre « Résistance extérieure, Résistance intérieure » page xxx : le mouvement syndical a constitué une dimension essentielle de la résistance.
La seule exigence revendicative de la grève avait une portée bien plus large que dans les circonstances ordinaires. Elle enlevait à l’occupant, donc à la machine de guerre, le plus possible au profit des travailleurs : les Français. De plus, toute action, même élémentaire, brisait la passivité, le découragement, entraînait un regroupement et un engagement résistant de plus en plus poussé.
L’action syndicale ne pouvait être menée par le syndicat autorisé dont la fonction était de conserver le calme, dès 1940, sous l’impulsion, essentiellement, des militants communistes de la C.G.T. (dissoute).
Fin 1940, le mécontentement règne parmi les mineurs des trois mines de charbon de Buxières-Saint-Hilaire. La direction veut les faire travailler un dimanche sur deux. Avec les restrictions, les femmes ont de plus en plus en plus de difficultés à garnir la musette et les poussent à revendiquer des rations plus importantes.

Communistes et syndicalistes de l'Allier arrêtés le 8 octobre 1940...

Cette liste demeure encore très certainement incomplète.
Albert ALBESSARD d’Urçay
Pierre AUMOINE de Domérat
Fernand AUBERGER
Jean André BARREL de Montluçon
BOLLET de Montluçon
Louis BAVAY (père) de Montluçon
Henri BEGUIN de Saint-Yorre
BOUCHASSON de Franchesse
Louis COUILLEBEAU de Le Brethon
DEFAYE de Commentry
DEPRIN de Vichy
Lucien DESPERRIER de Saint-Menoux
Louis DUMONT de Pouzy-Mésangy
Pierre FAURE de Vichy
FREYDIERE et son épouse de Saint-Pourçain-sur-Sioule
Alexis GAUME de Bourbon
Marius GEORGES de Saint-Germain
Louis GERVAISE de Montluçon
GILLET de Commentry
Gustave GOUX de Montluçon
Jacques GUILLAUMIN de Vichy
Jules GUYOT de Montluçon
Georges JACQUES de Saint-Aubin
LAFORME de Commentry
Gilbert LAJARGE de Buxières
LARROUSSIE de Montluçon
LEVY de Vichy
Louis LHUlLLIER de Domérat
Théo MALLET de Vichy
Emile MARCHELIDON de Montluçon
Jean MISSONNIER de Montluçon
Louis PETITJEAN de Saint-Sornin
Jean ROUSSAT de Saint Pourçain sur Sioule
ROYET d’Ebreuil
SAPIO
SCHMITT
André SERVANT de Montluçon
Fernande VALIGNAT de Montluçon
Pierre VALIGNAT de Montluçon
Roger VARRIERAS de Montluçon
Ceux-ci quittent Mons, fin décembre 1940, pour le camp d'internement de Nexon (Haute-Vienne). Mais quelques-uns vont être transférés à la prison de Cusset pour y être jugés. C'est le cas de Louis DUMONT, président des syndicats agricoles de l'Allier, exploitant à Pouzy-Mésangy. 15 jours après son arrivée à Mons, il est interné à la prison de Cusset et jugé. Il est condamné à un an de prison qu'il effectue à la prison de Limoges. A sa sortie, il est interné, par arrêté préfectoral, au camp de Nexon, puis à celui de Saint-Paul-d'Eyjeaux. Libéré en 1943, il est mis en résidence surveillée dans le Cher.
[1]
Alexis GAUME, conseiller général du canton de Bourbon, passe en jugement en 1941. Il bénéficie d'un non-lieu mais il est interné, à nouveau, à Nexon d'où il sera libéré, en 1942, puis mis en résidence surveillée dans la Creuse, ensuite dans le Jura.
[2]
Louis BAVAY, de Montluçon, passe en jugement. Il est libéré en mai 1941 à la suite d’un jugement de non-lieu, et rentre chez lui. Les arrestations du 8 octobre 1940 ne sont pas comprises par la population. Elles vont rapprocher du parti communiste illégal nombre de ceux qui s’en étaient éloignés à la suite de la signature du pacte de non-intervention germano-soviétique signé entre l’U.R.S.S. et l’Allemagne.
Parmi ceux qui sont arrêtés le 8 octobre 1940 : Pierre AUMOINE, Henri BEGUIN, Louis COUILLEBEAU, Jacques GUILLAUMIN, André SERVANT, Pierre VALIGNAT, Roger VARRIERAS, sont déportés en Algérie
[1] ( témoignage de son fils)
[2] (témoignage de sa fille)

Mise en place de la R2

Le parti communiste clandestin place, sous une même direction, les zones non occupées de L’Allier, du Cher et le département de la Creuse qui forment la région R3, dont le siège est à Montluçon. Cette implantation semble être liée à celle de l’imprimerie clandestine qui se trouve à la limite des trois départements, à Treignat. Après la prise de responsabilité de Robert MARCHADIER comme interrégional dans la Vienne, fin 1940, la Creuse est rattachée à la Haute-Vienne. Les zones de l’Allier et du Cher non occupées vont former la région 2 (R2) dont le siège est à Montluçon.
Martial BEDE « dit Max » est, jusqu’en décembre 1941, le responsable de l’organisation et la propagande dans le trio de direction de la R2. Il est muté dans l’Aveyron par mesure de sécurité.
Il sera remplacé par Pierre VIGNE, (Maurice) évadé du camp de Saint-Paul-d’Eyjeaux, qui va œuvrer au développement de la propagande dans la période la plus difficile : Réorganisation de la propagande après la chute de l’imprimerie de Vieure et l’arrestation de 34 communistes et une activité très forte des polices rendant le recrutement plus difficile. Il aura, à ses côtés, Roger SANDRIER comme responsable des J.C. En juillet 1943, par mesure de sécurité, Pierre VIGNE est muté à Toulouse. Pour les mêmes raisons, Roger SANDRIER est muté à Toulouse, début août. Arrêté à Noël, lors d’une rafle en gare de Toulouse, il passe devant le juge qui le condamne à huit jours de prison. Comme il a déjà fait ces huit jours en préventive, il ressort libre du tribunal (les temps ont changé). Il revient dans l’Allier et entre aux F.T.P.
[1]

La répression
Dès la naissance de l’Etat Français, la répression s'accentue contre les responsables communistes et syndicalistes. Le 8 octobre 1940, une quarantaine de communistes et syndicalistes de l'Allier, connus pour leurs activités, sont arrêtés et internés au château de Mons, commune d'Arlanc (Puy de Dôme). Le ministre de l'Intérieur, qui déclenche cette opération dans toute la France, s'appuie sur le décret loi du 28 novembre 1938.
[1] Avant l’oubli, la Résistance, Roger SANDRIER

Jacques GUILLAUMIN

Le docteur Jacques GUILLAUMIN, dont le père, directeur de l’école Paul BERT à Vichy a été arrêté le 8 octobre 1940, puis déporté en Algérie le 1er mars 1941 raconte, dans une des nombreuses lettres écrites en 1981, l’action des étudiants à Clermont-Ferrand :
« En septembre 1940, alors que j’étais interne des hôpitaux de Clermont Ferrand, avec un certain nombre de camarades étudiants, nous avons constitué une organisation clandestine essentiellement issue des organisations « les étudiants communistes » dirigées, avant la guerre, par Yves MOREAU, fils du doyen de la faculté des sciences de Clermont Ferrand et de «L’Union Fédérale des Etudiants » que je dirigeais.
« Je dirigeais, à partir de septembre 1940, cette l’organisation dite des « Etudiants Patriotes » qui rassemblait dans les facultés et au lycée Blaise PASCAL, un certain nombre d’étudiants; le début de notre activité fut la dénonciation des collaborateurs des Allemands, la lutte contre PETAIN et ses conseillers nationaux comme BARDOUX l’académicien, ses ministres de l’Education Nationale, les dirigeants clermontois du journal « L’AVENIR » : telle fut, me semble-t-il l’orientation de nos tracts diffusés dans les facultés et à Blaise PASCAL
« Malheureusement, dès décembre 1940, puis janvier et février, un certain nombre de nos camarades furent arrêtés, à la suite de dénonciations, en particulier à Blaise PASCAL. Un grand nombre des nôtres furent jugés par le tribunal militaire de Clermont Ferrand, les 16-17 et 18 mai et condamnés à de lourdes peines de prison.
« Pas un de ces étudiants n’a dénoncé ceux d’entre nous qui étions libres encore. Par contre, qui a dénoncé ces étudiants ? »
C’est avec une ronéo venue de Vichy et planquée à Chamalières que les tracts à destination des étudiants étaient tirés.
La distribution de cette presse clandestine déchaîne la colère de la police qui va multiplier perquisitions et arrestations. En mai 1941, cent quatre vingt arrestations avaient lieu dans le Puy de Dôme. La prison de Clermont ne pouvant tous les héberger, certains sont écroués à la prison du 92, d’autres transférés dans des camps d’internement.
Louis CUOQ, qui a participé à la confection des tracts et journaux clandestins, doit quitter le Puy de Dôme pour l’Allier où il est arrêté, le 8 janvier 1942.
Pour son activité à Clermont, il est condamné par le tribunal militaire, le 5 février.1942, à 15 ans de travaux forcés. Rejugé le 26 février, par le même tribunal, pour son activité dans l’Allier, il est condamné aux travaux forcés à perpétuité. (René Dumont, Jean Egal, page 1, réf. 38)

Jean BAC

Jean BAC, dans son ouvrage « le Calvaire des Patriotes », raconte comment, de sa rencontre avec Charles BEAULATON et Célestin DUMAS, est né le premier triangle de Clermont Ferrand et fut réalisé, dans une cabane de Chanturge, des tirages et des distributions de tracts. Celle, plus massive, de 1940, un millier de tracts, eut lieu entre le 20 septembre et le 1er octobre. De nombreux étudiants y participèrent.
« Le pays des Droits de l’Homme ne s’inclinera pas devant la force et l’arbitraire.
« Il dénonce avec indignation les traîtres et les lâches de chez nous, protégés par l’armée d’occupation qui affament nos enfants. Trois fois envahi par les boches en soixante dix ans, le peuple de France s’organisera, luttera et les chassera du sol de la Patrie ».
« Signé : la voix du peuple »
[1]
[1] Jean BAC : le calvaire des patriotes

L’action de Robert MARCHADIER dans l’Allier

« Pour organiser le parti clandestin dans l’Allier, je prends contact avec Roger VARRIERAS, que je connaissais pour son action syndicale à l’usine Saint Jacques et comme secrétaire fédéral du département de l’Allier. Celui-ci me met en relation avec Louis BAVAY et son fils, qui est un des responsables de la J.C. de l’Allier.
« Après l’arrestation de VARRIERAS et de Louis BAVAY, le 8 octobre 1940, Madame BAVAY maintient le contact.
« Lors de ses contacts dans l’Allier, elle est hébergée par le boulanger MOINDREAU et par le cheminot MONTENDREAU, du dépôt de Montluçon.
« Fin octobre, pour raison de sécurité, je romps les contacts avec l’Allier qui passe sous la responsabilité d’un autre « inter ».

Son arrestation
« Je suis nommé inter pour les départements de la Haute-Vienne, de la Dordogne, de la Corrèze, de la Creuse, de l’Indre et des portions non occupées de l’Indre-et-Loire et de la Gironde.
« Victime d’une dénonciation de mon relais, je suis arrêté à Châteauroux le 10 février 1941 et rejoins, à la maison d’arrêt, 20 communistes qui m’ont précédé. Le 15 avril, le tribunal de 1ère instance de Châteauroux prend une décision de dessaisissement au profit du tribunal militaire de Clermont. Celui-ci va prononcer de lourdes peines contre les 16 communistes arrêtés dans cette affaire (5 inculpés ayant bénéficié d’un non-lieu).
« Avec la loi du 14 août 1941 qui crée les sections spéciales, la justice militaire ne s’embarrasse pas de scrupules. Je vais être accusé d’« atteinte à la sûreté de l’état, de trahison » ce qui me rend, d’après la loi SEROL, passible de la peine de mort. »
Le 11 septembre 1941 s’ouvre « le procès des seize ».
Je suis accusé « d’avoir, depuis le mois d’octobre 1940 et au cours de l’année 1941, à Châteauroux, participé sciemment à une entreprise de démoralisation de la nation ayant pour objet de nuire à la défense nationale,
« - En donnant à des tiers, en qualité de dirigeant, des prescriptions tendant à la reconstitution du parti communiste,
« - En écrivant des articles de journaux destinés à la diffusion et dans lesquels il accuse le gouvernement d’être aux ordres de l’étranger,
« - En préconisant la lutte contre la révolution nationale sous prétexte qu’elle ne peut être acceptée parce que faite sous la protection des baïonnettes étrangères,
« - En faisant usage d’une fausse carte d’identité.
« - A exercé une activité ayant directement ou indirectement pour objet de propager les mots d’ordre relevant de la 3ème internationale communiste ».
« Le commissaire du gouvernement demande la peine de mort pour LEMOINE et pour MARCHADIER. La sentence de mort qui est rendue dans une atmosphère oppressante elle est sans recours et sans appel, est immédiatement exécutoire. C’est alors que de partout vont se lever des hommes et des femmes révoltées par ce verdict de haine et de peur.
« Des graffitis, des affichettes couvrent les murs de Clermont. Dès le lendemain, à 4h30 du matin, des tracts sont distribués à l’entrée des usines. Une liste de 10 collaborateurs notoires avec, à sa tête, le préfet BRUN est établie. « Ses membres seront exécutés si le jugement inique qui nous frappe est appliqué ». Me Andrée THIBOUT intervient auprès de PETAIN pour obtenir un sursis à notre exécution tandis qu’Alexandre VARENNE, directeur de la Montagne, demande la commutation de nos peines en travaux forcés. »
Devant cette réaction de l’opinion publique, la grâce est accordée et les journaux du 13 septembre 1941 titrent : « la clémence du Maréchal », «la justice du Maréchal », mais ne parlent pas de cette magnifique et vigoureuse réaction de l’opinion publique qui annonce la participation populaire à la libération de la France, en 1944.
Son évasion
En 1943, il purge sa peine à la prison cellulaire de Saint-Étienne. Le 26 septembre 1943, 25 communistes et gaullistes s’évadent.
Robert MARCHADIER, après un court séjour dans une ferme de l’Allier ------pour se refaire une santé, est affecté à l’Etat Major des F.T.P. de la zone Sud. Il est arrêté à nouveau le 23 décembre 1943, à Vaulx-en-Velin et emprisonné à la prison de Lyon.

Robert MARCHADIER

En décembre 1943, je fais la connaissance de Robert MARCHADIER, alors qu’il est emprisonné à la prison Saint-Paul à Lyon.
Il est né en 1911, à Clermont Ferrand. Il était, avant la guerre, un responsable syndical très connu. Il était secrétaire du syndicat des usines Michelin et membre du comité central du parti communiste. Après les grèves de novembre 1938, il est arrêté et emprisonné à la prison de Riom pendant plusieurs mois.
Quelques jours avant la déclaration de guerre à l’Allemagne, le 26 juillet 1939, il est rappelé au 28ème régiment du Génie Militaire, à Montpellier. Après la signature de l’Armistice, il est démobilisé à Toulouse, le 25 juillet 1940.
Une semaine après son retour à Clermont, il est convoqué à la sûreté par le commissaire BERNARD et un représentant du préfet. Ils lui demandent de justifier ses moyens d’existence et de condamner le pacte germano-soviétique, ce qu’il refuse.
Il est mis en semi-liberté et, le 27 août, il doit émarger une feuille précisant qu’à la moindre résistance de sa part, il serait interné.
« Au moment où le P.C. se prépare à passer dans la clandestinité, les interrogations et cogitations furent nombreuses. Nos responsables ont bien pensé qu’il ne fallait pas donner prise au suivi de surveillance policière dont nous étions assurément l’objet, c’est pour cela que le dépaysement du travail fut arrêté. Il m’a échoué l’Allier non occupée et l’Indre (sur le même parcours en chemin de fer pour simplifier les déplacements et en réduire les coûts) ». Ce passage dans la clandestinité lui permet d’échapper aux policiers venus l’arrêter, le 16 octobre 1940, le préfet ayant prescrit son internement.
Au cours des deux mois de semi-liberté, il va participer à la reconstitution des organismes dissous et de petits noyaux d’opposants, à la création de deux imprimeries clandestines, l’une rue Pascal et l’autre à Chanturgue, dans une cabane.
La première fut entièrement fabriquée par un ouvrier matriceur, FERRIERE, la seconde fut constituée d’une ronéo fournie par Julien FAVARD de Riom et transportée du jardin de celui-ci au domicile de CUOQ, par Robert MICHEL.
C’est avec ces machines que fut tiré, le 25 août 1940, à 1200 exemplaires « l’Appel au Peuple de France », du 10 juillet 1940, portant la signature de Maurice THOREZ et de Jacques DUCLOS, secrétaires nationaux du P.C. et qui furent distribués à Clermont Ferrand.
« Ce fut possible grâce au rétablissement des liaisons avec la zone Nord par l’intermédiaire d’Albert RIGAL, conseiller municipal de Paris, alias Jean, qui m’apporta les premiers stencils de l’Humanité clandestine et de l’appel du 10 juillet 1940. »

Danielle CASANOVA

Danielle CASANOVA née PERINI, le 9 février 1909, à Ajaccio, vient à Paris en 1927 et adhère à la Jeunesse Communiste. En 1934, elle est élue au comité central de la Jeunesse Communiste. A la demande du Parti Communiste, elle crée, en 1936, l’Union des Jeunes Filles de France dont elle est la secrétaire générale.
En septembre 1939, elle fait partie de la direction clandestine du Parti Communiste. Elle dirige l’action des femmes contre l’occupant, en liaison avec le responsable militaire et joue un rôle important au Front National Universitaire.
En raison de sa compétence exceptionnelle, elle est chargée des problèmes militaires par la direction clandestine du P.C.F.
[1]
Le 14 février 1942, elle porte du charbon à ses amis Georges et Maïe POLITZER. Elle tombe dans une souricière car ceux-ci viennent d’être arrêtés. Emprisonnée, elle est déportée à Auschwitz, par le convoi n° 74 du 24 janvier 1943, convoi de 230 femmes à majorité résistantes, dont 49 seulement rentreront de déportation.
Elle est morte du typhus, le 9 mai 1943, à Auschwitz et ne sachant pas, qu’un an plus tard, un maquis de l’Allier porterait son nom.
C’est par Londres que Pierre VILLON apprit cette triste nouvelle et qu’elle parvint dans l’Allier. Le collectif de commandement donna le nom de Danielle CASANOVA à un maquis implanté dans la région de Moulins, puis de Meillard où il fut attaqué par les Allemands, puis par les forces de police de PETAIN.
[1] Témoignage René HOUZE et Jean MARRANE

Le parti communiste face à la répression

Le parti communiste est un parti politique jeune, il n’a que vingt ans. A la déclaration de guerre, la majorité de ses membres et sympathisants sont mobilisés. Si le parti avait prévu de passer dans la clandestinité, il n’avait pas prévu la désorganisation qui résulterait, pour lui, de la mobilisation et de la débâcle. Mais il va se reconstituer rapidement, d’abord par simple contact entre militants, puis en organisant le parti communiste clandestin.
Beaucoup de responsables nationaux mobilisés qui ont échappé à l’ennemi vont être démobilisés en zone non occupée.
CHAINTRON, membre du comité central, replié dans la région de Toulouse avec son régiment, réussit à prendre contact avec Arthur DALLIDET qui se trouve dans la région de Limoges. Arthur DALLIDET, qui est en contact direct avec le triangle de direction du parti communiste illégal : Jacques DUCLOS, Benoît FRACHON et Charles TILLON, le charge d’organiser la publication de l’Humanité dans la zone sud.
CHAINTRON, démobilisé, est envoyé à Lyon où, avec Félix CADRAS et Victor MICHAUT, ils formeront le triangle de direction du parti communiste illégal de la zone non occupée.
Ils vont réussir à réorganiser le parti grâce à l’aide que vont leur apporter les jeunes femmes et jeunes filles de l’U.J.F.F. (Union de jeunes filles de France) qui assureront les liaisons entre eux et les responsables des inter régions tandis que d’autres collaborent, à Lyon même, avec la direction. Beaucoup de celles-ci seront arrêtées et déportées.
[1]

[1] Lise LONDON la Mégère de la rue Daguerre, page 295.

De la 3ème République à l’Etat Français

Après la signature de l'Armistice le gouvernement, qui était à Bordeaux, tente de s'établir à Royat, près de Clermont Ferrand. Il va finalement s'installer à Vichy, qui offre plus d’hôtels permettant l'installation des ministères. De plus, le train et la route permettent d'aller plus rapidement à Paris, siège des responsables de l'armée d’occupation et, surtout, la ville dispose de centraux téléphoniques modernes.
Le 10 juillet 1940, la IIIème République cède la place à l'Etat Français. PETAIN en devient le chef, avec tous les pouvoirs. Durant son séjour comme ambassadeur en Espagne auprès de FRANCO, fossoyeur de la république, il a beaucoup appris.
Il va mettre en œuvre une politique de collaboration avec HITLER, masquée sous l’appellation « Révolution Nationale ». Parmi ceux qui ont voté la déchéance du Parti Communiste et la loi SEROL, 80 votent contre les pleins pouvoirs à PETAIN.
La répression antisémite
La propagande du gouvernement PETAIN rend les Juifs et les communistes responsables des malheurs du pays. Il va promulguer, dès le 3 octobre 1940, les lois de discrimination raciale, avec un statut particulier pour les Juifs. Ceux-ci doivent se faire recenser, le tampon portant le mot « Juif » est appliqué sur leur carte d'identité.
[1] Les Juifs se voient interdire l'exercice de certaines professions, ils sont évincés de celles qu'ils détiennent. Ils seront internés dans des camps avant d’être livrés aux Allemands. Dans l’Allier, environ 480 Juifs, originaires de l’Allier, réfugiés dans l’Allier ou arrêtés lors du passage de la ligne de démarcation, sont arrêtés et déportés. 6% sont revenus. [2]
[1] photocopie de la carte d'identité d'un enfant juif de 10 ans sur laquelle un fonctionnaire zélé a ajouté «étranger à surveiller »
[2] AFMD de l’Allier

L’Armistice vu d’Afrique du Nord

Difficile pour la majorité des soldats stationnés en Afrique du Nord de comprendre l’Armistice. En effet, la marine de guerre se trouve en grande partie à Mers el-Kébir (port militaire d'Oran). L'aviation est sur les aérodromes d'Afrique du Nord. (Tout ce qui vole et qui a pu franchir la Méditerranée s'entasse sur les terrains d'aviation).[1]
Fernand THEVENET, originaire de Treban, est de ceux qui pensent que la lutte n’est pas achevée avec l’Armistice Il est démobilisé en Algérie, vers le mois d'août, certainement en même temps que les pilotes engagés pour la durée de la guerre. Il rapporte avec lui un sac de munitions.[2] Dès son arrivée, il recherche et ramasse les armes abandonnées par les soldats dans leur retraite. Dans un premier temps, il les cache chez lui, dans la petite maison qu’il a louée à Treban.
Lucien DEPRESLES raconte, pour sa part, comment il avait découvert quantité de munitions dans un talus couvert d'acacias, le long de la route de Meillard à Besson quand son patron l'avait envoyé à Besson faire une course. Il aurait certainement trouvé des armes s'il en avait cherché.
[1] Témoignage de l'auteur. Pilote militaire, il était sur le terrain de Tafaraoui, à quelques kilomètres de la Sénia, aéroport d'Oran.
[2] témoignage Georges GAVELLE

En France après la déclaration de guerre

Le 3 septembre, jour où la France entre en guerre, DALADIER institue, par décret, « des centres de séjours surveillés ».

26 septembre, le gouvernement DALADIER dissout le parti communiste qui n’a pas dénoncé le pacte germano-soviétique.

18 novembre, le gouvernement étend aux citoyens français les mesures appliquées aux étrangers indésirables : l’internement.

LA DROLE DE GUERRE

Depuis la déclaration de guerre à l'Allemagne, en septembre 1939, se déroule ce que les Français appellent « la drôle de guerre ». Après la déclaration de guerre, les grandes sociétés sidérurgiques lorraines continuent d’expédier en Allemagne des trains de minerai de fer.

Le frère d’André LECOURT, Clément HABAS, né en 1914 et dont le père a été tué à la guerre 14-18 est mobilisé, quelques mois avant la déclaration de guerre. Après la déclaration de guerre, il est cantonné à Forbach, près de la frontière. Il écrit à sa famille : « Ici nous restons l’arme au pied sans rien faire ; les Allemands, en face, sont comme nous, l’arme au pied. On ne fait pas la guerre ! Pire même, des trains chargés de minerai de fer traversent la frontière en direction de l’Allemagne ».
[1]
Louis FORT, de Lafeline, soldat dans la 133ème D.I., vient en permission pour Noël 1939. Dans le car qui le ramène chez lui, il parle de sa vie dans l’armée, de cette drôle de guerre. Il dit qu’il serait mieux chez lui qu’à faire le zouave dans l’armée. Une personne, qui se trouve dans le car, va rapporter ses paroles aux autorités. Il est arrêté pour propos défaitistes et atteinte au moral de la nation, il passe devant le tribunal militaire qui le condamne à 6 ans de prison. Le 27 décembre 1939, il est emprisonné à la centrale de Clairvaux. Le 13 juin, lors de la débâcle, il revient chez lui où il arrive le 23 juin 1940. Il y demeurera jusqu’au 26 juillet où il est de nouveau arrêté et interné à la centrale de Riom. Il profitera de ce court séjour à Lafeline pour ramasser, avec des camarades, des armes abandonnées et constituer un dépôt composé de 27 fusils lebel ou mousquetons et 3 fusils-mitrailleurs Le 19 novembre 1942, il bénéficie d’une mise en liberté provisoire et rentre chez lui. Le 1er décembre 1942, il est démobilisé.[2]
Pendant le temps passé dans les prisons, il a noué des relations avec de hauts responsables de la direction du parti communiste. Sa maison sera un lieu de passage et de repos pour nombre d’entre eux après sa libération (tel le député de Roanne).
[3] Résistant, il va former, avec son fils Roger, responsable des J.C. puis des jeunes de l’U.J.R.F., des groupes de F.T.P. sédentaires et trouver des planques pour les réfractaires au S.T.O. [4]
La gestapo va l’arrêter, le 22 janvier 1944, ainsi que sa femme, son fils Roger et un réfractaire au S.T.O. qui avait trouvé refuge chez lui, Georges BOURRIENNE. Après des interrogatoires musclés, son internement dans la prison de La Mal-Coiffée à Moulins et au camp de Royallieu, lui et son fils Roger partiront, le 12 mai 1944, par le convoi n° 211 pour Buchenwald. Ils connaîtront le camp de Gunzerode, dépendant du commando d’Ellrich. Au cours de l’évacuation du commando, en gare de Meistre, ils sont séparés. Louis sera libéré à Bergen-Belsen, le 15 avril 1945, par l’armée anglaise. Roger est porté mort à Meistre. Roger va poursuivre sa route vers la grange de Gardelegen où 10012 déportés ont trouvé la mort.
Georges BOURIENNE sera muté à Mauthausen où il trouvera la mort en décembre 1944.
Germaine, sa femme, est déportée à Ravensbrück, le 13 mai 1944, par le convoi n°212. Elle est libérée le 9 avril 1945, par la Croix Rouge et sera, pendant de nombreuses années, responsable de la section de Saint-Pourçain-sur-Sioule de la F.N.D.I.R.P.
[5]
Après la dissolution du parti communiste, la majorité des députés communistes refusent de désavouer le pacte germano-soviétique et créent, en toute légalité un groupe parlementaire appelé « groupe ouvrier et paysan » ouvert à tous ceux qui acceptent le programme élaboré par GUESDE pour le parti ouvrier français, en 1880.
Le 30 novembre, Florimond BONTE, qui a tenté de prendre la parole à la chambre des députés, est arrêté dans l’hémicycle, en violation de son immunité parlementaire.




1940
Le 16 janvier, Etienne FAJON, qui est à l’armée, obtient une permission. Il réussit à prendre la parole au nom du groupe « ouvrier et paysan » lors de la discussion du projet de loi sur la déchéance des députés de ce groupe.
Le vote de cette loi permet l’arrestation et l’emprisonnement, en toute légalité, des députés communistes, qui ne sont plus couverts par leur immunité.
« J’ai le sentiment que la majorité de notre parti trouvera la dissolution du parti communiste naturelle et légitime » écrit le socialiste Léon BLUM dans le Populaire.
[6]

Le 20 mars, le gouvernement publie un tableau de chasse de novembre 1939 au 7 mars 1940 : 620 syndicats dissous, 11 000 perquisitions effectuées, 800 militants recherchés ont été arrêtés, 10 000 sanctions sont prises contre les fonctionnaires communistes.
Le 20 mars, 44 députés qui sont restés fidèles à leur parti sont jugés par la 3ème chambre du Tribunal Militaire Permanent de Paris sous l’inculpation d’avoir, par des démarches, propagé les mots d’ordre émanant ou relevant de la 3ème internationale communiste.
Ils sont condamnés à 5 ans de prison. Pour eux, va commencer le tour des prisons de France qu’ils vont effectuer, à pied, enchaînés comme des assassins ou dans des paniers à salade, situation très pénible car ils sont à deux dans la cellule faite pour un, un assis et l’autre debout et impossibilité de se retourner. C’est cette souffrance que connurent les femmes communistes internées à la Petite Roquette qui furent évacuées, lors de l’exode à Bordeaux, dans les « paniers à salade ».
[7]
Le voyage, à travers les prisons de France, va se terminer, pour 27 députés communistes, à celle du Puy-en-Velay (Haute-Loire). Ils quitteront cette prison pour le bagne de Maison-Carrée, à Alger (Afrique du Nord).
[8]
Ne pouvant plus s'exprimer publiquement, après l’interdiction de leurs journaux, le Parti Communiste commence à diffuser sa presse, sous le manteau.
Les élus, maires et conseillers municipaux, qui ne font pas allégeance au gouvernement, en désavouant le pacte germano-soviétique, sont démis de leurs mandats. Ce sera le cas pour les municipalités de Saint-Hilaire et de Saint-Plaisir qui sont remplacées par des délégations spéciales, le 20 mars 1940. De nombreuses autres municipalités progressistes connaîtront le même sort.
[9]
Le décret-loi du 28 novembre 1939, qui permet aux préfets de faire interner les individus qu’ils jugent dangereux pour la défense nationale et la sécurité publique, va être largement utilisé contre les communistes.
Ce décret-loi sera aggravé par la loi, dite « Loi SEROL » d'avril 1940, qui punit de mort ceux qui sont accusés de menées communistes ou de reconstitution de ligues. Les juges professionnels se montrant réticents à prononcer de très lourdes peines, les communistes seront déférés devant les tribunaux militaires.

Pour faire face à cette répression qui s’abat sur les élus, responsables communistes et syndicaux, la direction du parti décide de faire passer dans la clandestinité ceux qui sont les plus menacés d’arrestation.

La débâcle
En mai 1940, l'attaque allemande jette sur les routes de France toute une population. Aux civils se mêlent les soldats de l'armée française en déroute. Ceux-ci se débarrassent de leurs armes, devenues inutiles, en les abandonnant le long des routes.
Devenu Premier Ministre du gouvernement replié à Bordeaux, PETAIN demande, le 17 juin, l’Armistice qu’il signera le 22 juin avec l'Allemagne, puis le 27 avec l'Italie. L’Armistice est accueilli avec soulagement par la population, mais les anciens combattants de 14-18 sont traumatisés. Ils se demandent pourquoi tant de sacrifices et de souffrances devraient être oubliés. Le sacrifice de millions de morts et d’estropiés de 4 années de guerre était-il inutile ?

La France éclatée
D’après les conditions de l’Armistice signé par PETAIN :
- l'Alsace et la Moselle redeviennent provinces allemandes,
- au nord, une partie de la France est rattachée à la Belgique,
- au sud-est, une autre est rattachée à l'Italie,
- une zone interdite, profonde de 30 kilomètres, couvre toute la façade atlantique, de Dunkerque à Hendaye.
- l’espace restant est partagé en 2 zones, séparées par une nouvelle frontière, appelée « ligne de démarcation ».

L’Allier, département partagé
La ligne de démarcation coupe en deux le département de l'Allier. A Moulins, la ville sur la rive droite de l’Allier est en zone occupée tandis que le faubourg de la Madeleine, sur sa rive gauche, est en zone dite « libre », expression créée par PETAIN. L’armée allemande contrôle le passage du pont Régemortes qui ne se franchit qu’avec un laissez-passer délivré par les autorités allemandes.
[10].
Les Allemands prennent possession de la prison, « La Mal-Coiffée ». Ils éliminent progressivement les gardiens français, les remplacent par leurs gardiens. Ils vont en faire la seule prison entièrement allemande dans la France occupée.
[11]
[1] (archives personnelles)
[2] (Archives ONAC)
[3] (témoignage Lucien DEPRESLES)
[4] (archives ONAC)
[5] livre mémorial Georges BOURIENNE partira par le convoi 199 du 6 avril 1944 pour Mauthausen, kommando de Gusen où il décède le 04/02/1945 selon le livre

8 (André TOLLET ) la classe ouvrière dans la Résistance page 47).
9 Fernand GRENIER C’était ainsi
10 (déportation en Afrique du Nord)
[9] (archives personnelles)
[10] photocopie laissez-passer
[11] la seule en France

En France après la déclaration de guerre

Le 3 septembre, jour où la France entre en guerre, DALADIER institue, par décret, « des centres de séjours surveillés ».

26 septembre, le gouvernement DALADIER dissout le parti communiste qui n’a pas dénoncé le pacte germano-soviétique.

18 novembre, le gouvernement étend aux citoyens français les mesures appliquées aux étrangers indésirables : l’internement.

LA DROLE DE GUERRE

Depuis la déclaration de guerre à l'Allemagne, en septembre 1939, se déroule ce que les Français appellent « la drôle de guerre ». Après la déclaration de guerre, les grandes sociétés sidérurgiques lorraines continuent d’expédier en Allemagne des trains de minerai de fer.

Le frère d’André LECOURT, Clément HABAS, né en 1914 et dont le père a été tué à la guerre 14-18 est mobilisé, quelques mois avant la déclaration de guerre. Après la déclaration de guerre, il est cantonné à Forbach, près de la frontière. Il écrit à sa famille : « Ici nous restons l’arme au pied sans rien faire ; les Allemands, en face, sont comme nous, l’arme au pied. On ne fait pas la guerre ! Pire même, des trains chargés de minerai de fer traversent la frontière en direction de l’Allemagne ».
[1]
Louis FORT, de Lafeline, soldat dans la 133ème D.I., vient en permission pour Noël 1939. Dans le car qui le ramène chez lui, il parle de sa vie dans l’armée, de cette drôle de guerre. Il dit qu’il serait mieux chez lui qu’à faire le zouave dans l’armée. Une personne, qui se trouve dans le car, va rapporter ses paroles aux autorités. Il est arrêté pour propos défaitistes et atteinte au moral de la nation, il passe devant le tribunal militaire qui le condamne à 6 ans de prison. Le 27 décembre 1939, il est emprisonné à la centrale de Clairvaux. Le 13 juin, lors de la débâcle, il revient chez lui où il arrive le 23 juin 1940. Il y demeurera jusqu’au 26 juillet où il est de nouveau arrêté et interné à la centrale de Riom. Il profitera de ce court séjour à Lafeline pour ramasser, avec des camarades, des armes abandonnées et constituer un dépôt composé de 27 fusils lebel ou mousquetons et 3 fusils-mitrailleurs Le 19 novembre 1942, il bénéficie d’une mise en liberté provisoire et rentre chez lui. Le 1er décembre 1942, il est démobilisé.[2]
Pendant le temps passé dans les prisons, il a noué des relations avec de hauts responsables de la direction du parti communiste. Sa maison sera un lieu de passage et de repos pour nombre d’entre eux après sa libération (tel le député de Roanne).
[3] Résistant, il va former, avec son fils Roger, responsable des J.C. puis des jeunes de l’U.J.R.F., des groupes de F.T.P. sédentaires et trouver des planques pour les réfractaires au S.T.O. [4]
La gestapo va l’arrêter, le 22 janvier 1944, ainsi que sa femme, son fils Roger et un réfractaire au S.T.O. qui avait trouvé refuge chez lui, Georges BOURRIENNE. Après des interrogatoires musclés, son internement dans la prison de La Mal-Coiffée à Moulins et au camp de Royallieu, lui et son fils Roger partiront, le 12 mai 1944, par le convoi n° 211 pour Buchenwald. Ils connaîtront le camp de Gunzerode, dépendant du commando d’Ellrich. Au cours de l’évacuation du commando, en gare de Meistre, ils sont séparés. Louis sera libéré à Bergen-Belsen, le 15 avril 1945, par l’armée anglaise. Roger est porté mort à Meistre. Roger va poursuivre sa route vers la grange de Gardelegen où 10012 déportés ont trouvé la mort.
Georges BOURIENNE sera muté à Mauthausen où il trouvera la mort en décembre 1944.
Germaine, sa femme, est déportée à Ravensbrück, le 13 mai 1944, par le convoi n°212. Elle est libérée le 9 avril 1945, par la Croix Rouge et sera, pendant de nombreuses années, responsable de la section de Saint-Pourçain-sur-Sioule de la F.N.D.I.R.P.
[5]
Après la dissolution du parti communiste, la majorité des députés communistes refusent de désavouer le pacte germano-soviétique et créent, en toute légalité un groupe parlementaire appelé « groupe ouvrier et paysan » ouvert à tous ceux qui acceptent le programme élaboré par GUESDE pour le parti ouvrier français, en 1880.
Le 30 novembre, Florimond BONTE, qui a tenté de prendre la parole à la chambre des députés, est arrêté dans l’hémicycle, en violation de son immunité parlementaire.




1940
Le 16 janvier, Etienne FAJON, qui est à l’armée, obtient une permission. Il réussit à prendre la parole au nom du groupe « ouvrier et paysan » lors de la discussion du projet de loi sur la déchéance des députés de ce groupe.
Le vote de cette loi permet l’arrestation et l’emprisonnement, en toute légalité, des députés communistes, qui ne sont plus couverts par leur immunité.
« J’ai le sentiment que la majorité de notre parti trouvera la dissolution du parti communiste naturelle et légitime » écrit le socialiste Léon BLUM dans le Populaire.
[6]

Le 20 mars, le gouvernement publie un tableau de chasse de novembre 1939 au 7 mars 1940 : 620 syndicats dissous, 11 000 perquisitions effectuées, 800 militants recherchés ont été arrêtés, 10 000 sanctions sont prises contre les fonctionnaires communistes.
Le 20 mars, 44 députés qui sont restés fidèles à leur parti sont jugés par la 3ème chambre du Tribunal Militaire Permanent de Paris sous l’inculpation d’avoir, par des démarches, propagé les mots d’ordre émanant ou relevant de la 3ème internationale communiste.
Ils sont condamnés à 5 ans de prison. Pour eux, va commencer le tour des prisons de France qu’ils vont effectuer, à pied, enchaînés comme des assassins ou dans des paniers à salade, situation très pénible car ils sont à deux dans la cellule faite pour un, un assis et l’autre debout et impossibilité de se retourner. C’est cette souffrance que connurent les femmes communistes internées à la Petite Roquette qui furent évacuées, lors de l’exode à Bordeaux, dans les « paniers à salade ».
[7]
Le voyage, à travers les prisons de France, va se terminer, pour 27 députés communistes, à celle du Puy-en-Velay (Haute-Loire). Ils quitteront cette prison pour le bagne de Maison-Carrée, à Alger (Afrique du Nord).
[8]
Ne pouvant plus s'exprimer publiquement, après l’interdiction de leurs journaux, le Parti Communiste commence à diffuser sa presse, sous le manteau.
Les élus, maires et conseillers municipaux, qui ne font pas allégeance au gouvernement, en désavouant le pacte germano-soviétique, sont démis de leurs mandats. Ce sera le cas pour les municipalités de Saint-Hilaire et de Saint-Plaisir qui sont remplacées par des délégations spéciales, le 20 mars 1940. De nombreuses autres municipalités progressistes connaîtront le même sort.
[9]
Le décret-loi du 28 novembre 1939, qui permet aux préfets de faire interner les individus qu’ils jugent dangereux pour la défense nationale et la sécurité publique, va être largement utilisé contre les communistes.
Ce décret-loi sera aggravé par la loi, dite « Loi SEROL » d'avril 1940, qui punit de mort ceux qui sont accusés de menées communistes ou de reconstitution de ligues. Les juges professionnels se montrant réticents à prononcer de très lourdes peines, les communistes seront déférés devant les tribunaux militaires.

Pour faire face à cette répression qui s’abat sur les élus, responsables communistes et syndicaux, la direction du parti décide de faire passer dans la clandestinité ceux qui sont les plus menacés d’arrestation.

La débâcle
En mai 1940, l'attaque allemande jette sur les routes de France toute une population. Aux civils se mêlent les soldats de l'armée française en déroute. Ceux-ci se débarrassent de leurs armes, devenues inutiles, en les abandonnant le long des routes.
Devenu Premier Ministre du gouvernement replié à Bordeaux, PETAIN demande, le 17 juin, l’Armistice qu’il signera le 22 juin avec l'Allemagne, puis le 27 avec l'Italie. L’Armistice est accueilli avec soulagement par la population, mais les anciens combattants de 14-18 sont traumatisés. Ils se demandent pourquoi tant de sacrifices et de souffrances devraient être oubliés. Le sacrifice de millions de morts et d’estropiés de 4 années de guerre était-il inutile ?

La France éclatée
D’après les conditions de l’Armistice signé par PETAIN :
- l'Alsace et la Moselle redeviennent provinces allemandes,
- au nord, une partie de la France est rattachée à la Belgique,
- au sud-est, une autre est rattachée à l'Italie,
- une zone interdite, profonde de 30 kilomètres, couvre toute la façade atlantique, de Dunkerque à Hendaye.
- l’espace restant est partagé en 2 zones, séparées par une nouvelle frontière, appelée « ligne de démarcation ».

L’Allier, département partagé
La ligne de démarcation coupe en deux le département de l'Allier. A Moulins, la ville sur la rive droite de l’Allier est en zone occupée tandis que le faubourg de la Madeleine, sur sa rive gauche, est en zone dite « libre », expression créée par PETAIN. L’armée allemande contrôle le passage du pont Régemortes qui ne se franchit qu’avec un laissez-passer délivré par les autorités allemandes.
[10].
Les Allemands prennent possession de la prison, « La Mal-Coiffée ». Ils éliminent progressivement les gardiens français, les remplacent par leurs gardiens. Ils vont en faire la seule prison entièrement allemande dans la France occupée.
[11]
[1] (archives personnelles)
[2] (Archives ONAC)
[3] (témoignage Lucien DEPRESLES)
[4] (archives ONAC)
[5] livre mémorial Georges BOURIENNE partira par le convoi 199 du 6 avril 1944 pour Mauthausen, kommando de Gusen où il décède le 04/02/1945 selon le livre

8 (André TOLLET ) la classe ouvrière dans la Résistance page 47).
9 Fernand GRENIER C’était ainsi
10 (déportation en Afrique du Nord)
[9] (archives personnelles)
[10] photocopie laissez-passer
[11] la seule en France

La France pendant la montée de l'hitlérisme en Allemagne

1934
L’opinion publique a été secouée par les scandales STAVISKY et les bons de Bayonne. Dès l’installation du gouvernement, DALADIER, qui a succédé, le 30 janvier, au gouvernement CHAUTEMPS, a pris la décision de muter le Préfet de Police de Chiappe, favorable à la droite.

Le 4 février, les jeunes de l’Action Française du Colonel DE LAROQUE descendent dans la rue en poussant des cris hostiles au gouvernement et se heurtent aux forces de l’ordre.

Le lendemain, nouveau défilé, renforcé par les groupes d’assaut des Croix de Feu. Les manifestants se heurtent aux forces de police et vont se disperser en se donnant rendez-vous pour le lendemain devant le Palais Bourbon.

Le 6 février, pour faire face à ce rassemblement, qui a pour but de renverser la République, le gouvernement a mobilisé de très nombreuses forces de police. De son côté, le parti communiste a mobilisé ses troupes pour empêcher la droite de s’empare de la Chambre des Députés. Les deux manifestations vont se heurter entre elles et aux forces de police. La manifestation commencée à 17h15 ne va se terminer que vers 1h30, le lendemain.

En réaction à cette attaque contre la République va se créer, parmi les partis de gauche, le Front Populaire qui remportera les élections en 1936.

9 octobre, assassinat de BARTHOU, ministre français et du roi ALEXANDRE de Yougoslavie.()

1935
15 mars, la France porte à 2 ans la durée du service militaire, suite au retour de la Sarre au Reich.

14 avril, accord de Stresa : la France, l’Italie et l’Angleterre garantissent l’indépendance de l’Autriche.



Historia
1936
7 mars, faible réaction de la France à l’occupation de la Ruhr par HITLER. Cette absence de réaction de la part de la France mine notre réseau d’alliance en Belgique et aux Pays-Bas.

19 mars, condamnation de l’occupation de la Ruhr par la S.D.N.

3 mai, victoire du Front Populaire.

4 juin, début du premier ministère BLUM.

6-7 juin, accord de Matignon qui institue la semaine de 40 heures et les congés payés.

19 juin, en France, dissolution des ligues paramilitaires constituées par l’extrême droite.

En juillet, le gouvernement BLUM décide la pause dans les réformes. La droite va en profiter pour développer son action contre le gouvernement qu’elle va mettre en échec en développant son mot d’ordre « Plutôt HITLER que le Front Populaire » permettant la montée en puissance d’HITLER.

9 juillet, à la chambre des députés, Florimond BONTE, député communiste, qui avait appelé au boycotte « Aller à Berlin, c’est accepter une sorte de complicité avec les bourreaux, c’est river aux pieds des victimes et c’est couvrir les plaintes que de chanter en chœur avec HITLER à la gloire du sport » ; ces paroles restèrent vaines,

25 juillet, le gouvernement décide de ne pas intervenir dans le conflit intérieur espagnol malgré l’aide apportée à FRANCO par l’Italie et l’Allemagne. (Aide connue puisque des avions de transport chargés de troupes se sont posés en Algérie, suite à des pannes.)

Fin août, la France, l’Angleterre, l’Italie, l’Allemagne et l’U.R.S.S. mettent sur pied le « comité de non-intervention en Espagne ». L’U.R.S.S. s’en retire en septembre. L’Italie et l’Allemagne continueront leur aide à FRANCO, tandis que l’Angleterre et la France appliqueront la non-intervention.

1937
21 janvier, le gouvernement promulgue une loi interdisant l’engagement de volontaires pour l’Espagne.
En février, le gouvernement BLUM met fin à la politique sociale de son gouvernement.

16 mars, à Paris, la police réprime une manifestation de gauche opposée au P.S.F. (parti social français). La police tire sur les contre-manifestants, 6 sont tués, 200 sont blessés.

Le 21 juin, démission du cabinet BLUM.

Le 22 juin, constitution du cabinet CHAUTEMPS.

11 septembre, attentat provocateur contre des organismes patronaux par la société secrète « la Cagoule ».

Novembre, révélation du complot de la Cagoule par Marx DORMOY.

1938
1er mars, L’Anschluss, l’armée allemande, envahit l’Autriche. Pas de réaction du gouvernement français.

14 mars, la France renouvelle son engagement d’aider la Tchécoslovaquie.

20 mai, mobilisation en Tchécoslovaquie.

2 octobre, avec l’assentiment d’HITLER, la Pologne s’empare de la ville de Teschen, en Tchécoslovaquie.

4 septembre, Georges BONNET, ministre des Affaires Etrangères, renouvelle les engagements de la France vis-à-vis de la Tchécoslovaquie.

Les 29 et 30 septembre, rencontre, à Munich, de DALADIER, CHAMBERLAIN, MUSSOLINI et HITLER. Ils se mettent d’accord pour contraindre la Tchécoslovaquie à céder le territoire des Sudètes à l’Allemagne.

30 septembre, CHAMBERLAIN et HITLER signent un pacte de non-agression, donnant à HITLER une position dominante en Europe.

2 novembre, arbitrage de Vienne. HITLER accorde à la Hongrie une partie de la Slovaquie.

12 novembre, le gouvernement DALADIER adopte un décret sur l’internement des étrangers indésirables.

30 novembre, pour protester contre les accords de Munich et les interdictions frappant les journaux communistes, la tendance unitaire de la C.G.T. lance la grève générale. A la suite de cette grève, le gouvernement déclenche la répression contre les militants syndicaux et communistes. De nombreux dirigeants sont arrêtés, emprisonnés ou internés.

6 décembre, accord de non-agression franco-allemand. Les combattants de l’Armée Républicaine, qui fuient les représailles, passent en France où ils sont internés dans des camps improvisés.

1939
[1]
26 janvier, FRANCO entre à Barcelone.

31 mars, la France et l’Angleterre accordent leur garantie à la Pologne.

23 août, pacte de non-agression germano-soviétique.

25 août, le gouvernement fait saisir le journal l’Humanité qui justifie le pacte de non-agression germano-soviétique.

26 août HITLER garantit la neutralité de la Suisse, des Pays-Bas, du Luxembourg et du Danemark.

1er septembre, l’Allemagne attaque la Pologne.

2 septembre, les députés votent les crédits exceptionnels pour la guerre (députés communistes compris).

Le 3 septembre, l’Angleterre et la France déclarent la guerre à l’Allemagne.

Du 6 au 10 octobre, fin de la conquête de la Pologne.

HILTER garantit la neutralité de la Suisse, des Pays-Bas, du Luxembourg et du Danemark. (1) maurice VOUTEY

« En 1939, le gouvernement n’organise pas la construction des avions en série : l’aluminium manque. Ce métal est extrait de la bauxite, minerai que l’on trouve à l’époque dans le Gard et dont l’exploitation est assurée par trois compagnies intimement liées entre elles : PECHINEY, ALES FORGE et CAMARGUE et L’ALUMINIUM FRANÇAIS. »

Entre temps l’Allemagne se voit accorder l’autorisation de conclure des marchés importants d’aluminium nécessaire à la construction de ses escadres aériennes. Les trois sociétés obtiennent des licences d’exportation et vendent leur aluminium à l’Allemagne qui paie à un prix plus élevé que l’Etat Français. Mieux, comme l’Allemagne ne paie qu’à terme, le Crédit Lyonnais vient en aide à la compagnie FORGE et CAMARGUE pour lui permettre d’attendre le paiement de la marchandise qu’elle a livrée à l’Allemagne.

Lorsque le ministère de l’air se décide à passer des commandes, celles-ci demandent trois mois pour les exécuter.()André Moine déportation en Algérie
[1] Source : André MOINE, déporté en Algérie

de 1919 à 1938, jalons dans l'ascension de Hitler

1919
la légende entretenue par les nationalistes selon laquelle l’armée allemande a été poignardée dans le dos et serait rentrée invaincue s’accrédite .

Avec 2,6% des voix et 12 élus au parti nazi, GOERING est président du groupe nazi. Il obtient un poste de vice-président du Reichstag.

1923
8 novembre, début du putsch qui échoue.

11 novembre, arrestation d’HITLER.

1924
HITLER est condamné à cinq ans de prison.

Au cours de sa captivité il va écrire Mein Kampf (mon Combat), où il dévoile, sans fards, les fins qu’il veut poursuivre : abandon des tentatives putschistes et conquêtes légales du pouvoir, établissement d’une dictature par les voies réglementaires, constitution d’une « Grande Allemagne » regroupant tous les « Allemands de race » conquête à l’Est d’un « espace vital » dans lequel pourra se développer la race supérieure, établissement à terme d’une hégémonie mondiale.

1930
Fin de l’occupation de la Rhénanie. Le parti nazi obtient, lors de nouvelles élections, 18% des voix et 107 élus. La crise économique mondiale entraîne de graves difficultés bancaires et économiques en Allemagne.

Les effectifs de la S.A. s’élèvent à deux cent mille membres.

1931
12 avril, suite à des « élections », la République est proclamée en Espagne.

19 septembre, le Japon entreprend l’occupation de la Mandchourie. D’après les historiens, cette attaque marque le début de la seconde guerre mondiale.

1932
Lors des élections, le 31 juillet, le parti nazi obtient 210 députés.
Le 30 août, GOERING est porté à la présidence du Reichstag. N’ayant pu former un gouvernement, le Reichstag est dissout. De nouvelles élections ont lieu le 6 novembre, le parti nazi est en perte de vitesse et n’a que 196 élus. L’Allemagne compte six millions de chômeurs. Les grands noms de l’industrie allemande (KRUPP, THYSSEN, SCHRODER, SIEMENS BOSCH) réclament à HINDENBURG la remise de la responsabilité du pouvoir au chef du parti national le plus important.

1933
Le 4 janvier, le banquier SCHRODER, HITLER et Von PAPEN représentant la droite classique se mettent d’accord sur la combinaison HITLER chancelier, PAPEN vice-chancelier. En même temps, les industriels renflouent les caisses du parti nazi.
[1]

Le 30 janvier, HINDENBURG nomme HITLER chancelier d’Allemagne. Celui-ci accepte, à la condition que de nouvelles élections aient lieu. Il prend la tête de la coalition de la droite. C’est le début du 3ème Reich. HITLER va mettre en pratique la politique qu’il avait annoncée dans « Mein Kampf. »

Le 31 janvier, dissolution du Reichstag (Chambre des Députés).

Le 27 février : incendie du Reichstag. HITLER en rejette la responsabilité sur les communistes.

Le 28, décret dit « décret de l’incendie du Reichstag » qui supprime toutes les garanties constitutionnelles et permet les détentions de protection. Des dizaines de milliers d’adversaires du nazisme, surtout des communistes, sont arrêtés et placés dans des camps de concentration sauvages.

Le 5 mars, dernières élections relativement libres dans les Länder où ne dominent pas les nazis. Malgré les entraves et la terreur que les nazis font régner, ceux-ci n’obtiennent pas la majorité au Reichstag.

Le 20 mars, ouverture du camp de concentration d’Oranienburg.

Le 22 mars, ouverture, dans une usine désaffectée, du camp de Dachau. Celui-ci est destiné à recevoir cinq mille détenus. Il en comptera plus de trente mille lors de la libération du camp, par les Américains, le 28 avril 1945.

Le 23 mars, pour obtenir la loi dite « d’habilitation » qui confère à HITLER les pleins pouvoirs pour quatre ans, il faut modifier la constitution. Cette modification doit être votée à la majorité des 2/3. Pour l’obtenir, les 81 députés communistes sont empêchés de voter (arrêtés ou en fuite).

Le 31 juillet, statistique du ministère de l’intérieur, 26 700 opposants sont internés dans les K.L.

Octobre, le règlement du camp de Dachau s’applique à tous les K.L.

1934
26 janvier pacte de non-agression et d’amitié entre la Pologne et le Reich.

30 janvier, loi de reconstitution du Reich. La souveraineté des Länder qui subsistait est supprimée et leur parlement dissous. Les polices du Reich remplacent celles des Länder.

30 Juin, « nuit des longs couteaux ». Assassinat des dirigeants de la S.A. et de personnalités.

En juillet, EICHE devient inspecteur des K.L. et commandant de la S.S. Totenkopf (S.S. à tête de mort et affecté à la garde des K.L.).

2 août, mort du président HINDENBURG. HITLER cumule les fonctions de Président et de Chancelier.

Octobre, mise en place d’un plan de 4 ans pour la préparation de l’entrée en guerre de l’Allemagne.

1935
Otto ABETZ met sur pied la 5ème colonne, qui est un outil de conquête

13 janvier, plébiscite sur la Sarre, 91% pour le rattachement au Reich.

1er mars, la Sarre est intégrée au Reich.

Le 16 mars, l’Allemagne rétablit le service militaire, en violation du traité de Versailles.

3 mai, victoire du Front Populaire aux élections législatives en Espagne.

7 juin, constitution d’un cabinet LAVAL.

18 juin, accord naval anglo-allemand qui autorise le dépassement du tonnage maritime.

En août, en Pologne, abrogation des institutions démocratiques.

15 septembre, promulgation des lois antisémites de Nuremberg.

Le 2 octobre, les troupes de MUSSOLINI entrent en Ethiopie.

Le 19 novembre, la S.D.N. condamne l’agression italienne contre l’Ethiopie et décide de sanctions qui ne seront pas appliquées.

22 novembre, création, sous l’impulsion d’ABETZ, du comité France Allemagne favorable aux thèses nazies.

1936
6 février, rapprochement italo-allemand. L’Italie se retire du front de Stresa et HITLER soutiendra l’Italie dans sa guerre contre l’Ethiopie.

15 février, en Espagne, victoire du Front Populaire.

7 mars, en violation du traité de Versailles, HITLER occupe militairement la rive gauche du Rhin.

11 juillet, accord entre l’Allemagne et l’Autriche garantissant l’indépendance de celle-ci.

17 juillet, début du putsch militaire en Espagne.

19 août, début des grands procès de Moscou.

25 juillet, HITLER décide de soutenir FRANCO. Ses avions vont transporter des régiments maures, du Maroc en Espagne. Puis son aviation mettra au point les méthodes de bombardement des villes (Guernica).

1er août, à l’ouverture officielle des jeux olympiques à Berlin, une forte délégation française est présente. HITLER va se servir de ces jeux, qui sont télévisés pour la première fois, pour sa propagande.

1937
30 janvier, les détenus des K.L. seront utilisés pour le travail forcé. Les pleins pouvoirs à HITLER sont renouvelés pour quatre ans.

9 mars, édification de la ligne Siegfried.

26 avril, bombardement de Guernica par l’aviation allemande.

28 mai, CHAMBERLAIN devient Premier ministre anglais, favorable au rapprochement avec HITLER.

12 juin, circulaire de HEYDRICH : tous les Juifs doivent être internés en K.L.

23 juin, l’Italie quitte la convention de non-intervention en Espagne.

8 août, prise de Pékin par les Japonais.

21 août, signature d’un pacte de non-agression U.R.S.S.-Chine.

11 décembre, l’Italie quitte la S.D.N.

1938
15 mars, entrée des troupes allemandes en Tchécoslovaquie et établissement du protectorat de Bohême-Moravie. Le gouvernement demeure, mais il est privé des ministères des affaires étrangères et de la défense. La Slovaquie devient un état satellite du Reich.

13 avril, ils offrent les mêmes garanties à la Roumanie et à la Grèce.

16 avril, MUSSOLINI occupe l’Albanie.

28 avril, HITLER dénonce le traité de non-agression avec la Pologne et l’accord naval avec l’Angleterre.

22 mai, signature du pacte d’acier entre l’Allemagne et l’Italie.

23 juillet, en Allemagne, les Juifs doivent se faire recenser.
[2]
[1] Chicago Daily Tribune12/01.
[2] L’ère hitlérienne Maurice VOUTEY.